mercredi 23 décembre 2015

Schizophrénie de l'émigré



Parti, un peu le nez au vent, à Los Angeles, David s’y était fait une bonne petite vie, avec un bon salaire, dans un cadre qui lui plaisait. Peu à peu, comme un cancer, la nostalgie de la France s’est développée en lui. Il y est revenu en vacances. Là, il est tombé amoureux d’une femme qui a voulu affirmer sa supériorité et sa domination en refusant absolument d’aller aux États-Unis avec lui. Il est resté en France. Depuis, il vit une autre nostalgie en compagnie d’une épouse exigeante et acariâtre, aussi jalouse de l’Amérique qu’elle le serait d’une maîtresse. Il fait déprime sur déprime. Il est perclus de maladies psychosomatiques, comme il arrive si souvent lorsqu’on se sent pris au piège. Il conduit lugubrement une grosse Chrysler, douloureux rappel de ce rêve envolé qu’il chouchoute comme un ulcère ou (sans jeu de mots) comme une auto-flagellation.

On peut aussi émigrer sentimentalement. Émile a quitté une femme intelligente, élégante et belle mais qui ne voulait plus faire l’amour avec lui. Il a découvert Nadège, jeune, jolie comme un cœur, aimante, chaleureuse, sensuelle, et qui fait l'amour avec enthousiasme. Peu à peu, la nostalgie de sa première femme le ronge. Va-t-il commettre l’irréparable et retourner vers elle ?

 Il me semble que lorsqu’on a découvert que l’herbe était vraiment plus verte de l’autre côté de la barrière, il faut s’y tenir, car rien n’est jamais parfait nulle part. La nostalgie peut se transformer en poison et pousser à l’autodestruction.

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