samedi 20 avril 2019

Book review : Rebecca.


I finally read Daphne du Maurier’s Rebecca. To have waited so long is unforgiveable, you might say ; but what a treat ! What a delight ! She was bisexual with a special tenderness for women ; and it shows : not in the plot, but in the sensitivity permeating the whole novel.
Descriptions take you to a higher, dreamier level than that of usual metaphors. Each sentence is perfectly balanced. Add or remove just one syllable, and the rhythm collapses, the music is gone. I hadn’t enjoyed such perfection of style since reading Sue Gee’s The mysteries of Glass.
Rebecca is one of these novels that one wishes could go on forever.

samedi 6 avril 2019

"Libres d'aimer"


« Libres d’aimer » d’Olivier Merle
Rien n’étant jamais parfait, je vais commencer par le côté négatif. Le style est très sec, très chroniqueur. Elle fait ceci, il répond cela, elle a dit ceci, il mange cela, elle s’habille ainsi, etc… L’auteur n’éveille pas les cinq sens du lecteur, ou très peu. Une exception : la course effrénée de Thérèse parmi les décombres au dernier chapitre.
J’aurais aimé participer davantage aux sons, aux goûts, au toucher et aux odeurs. On mentionne les parfums, mais sans les décrire ou sans mentionner ce qu’ils évoquent. Rien sur l’odeur personnelle et charnelle des deux femmes (les deux personnages principaux). Même la contemplation de leur anatomie ou de leurs activités amoureuses reste traitée de façon plutôt spartiate. Quant au sixième sens, celui du rêve, il est absent.
Une chose m’a mis mal à l’aise : la mention des toisons. Il est vrai que le récit se situe dans les années 40, et que l’épilation totale du pubis n’était pas aussi populaire qu’elle l’est en ce moment. À cette époque, certaines femmes ne se rasaient même pas les aisselles ; mais quelle que soit la période de l’Histoire ou le cadre géographique, l’épilation a toujours fait partie de la vie sexuelle parmi ceux qui recherchent et apprécient le raffinement.
Certes, on ne peut guère parler de raffinement pour le personnage de M. Dorval. C’est une brute épaisse, mais il évolue malgré tout dans le milieu raffiné de la bourgeoisie avec son architecture, son confort, sa grande cuisine et ses grands vins. M. Dorval nous montre une fois de plus, comme nous ne le savons que trop, hélas, que les maris psychopathes, possessifs et brutaux se rencontrent dans toutes les classes sociales.
Côté positif : l’intrigue. L’occupation allemande avec sa cruauté d’État totalitaire absorbe immédiatement le lecteur. La peur, la misère, l’horreur, l’intolérance, la lâcheté soutiennent l’intérêt. Le récit se prêterait bien à une adaptation pour la scène ou pour le cinéma. Les dialogues sont convaincants. L’angoisse et l’incertitude sont réelles. Les rebondissements arrivent au bon moment pour relancer l’intrigue. Ce roman est aussi haletant qu’un polar. Sa grande qualité c’est de toujours faire en sorte que le lecteur veuille connaître la suite, qu’il ait toujours envie de tourner la page. C’est quand même très important.
L’acuité historique renforce le charme et l’impact du récit : dénonciations, Radio Londres, débarquement, batailles autour de Dinard et Saint-Malo, tout cela vous met dans le bain. Les travaux de recherche en documentation ont été excellents.
Et l’érotisme, dans tout cela ? Bizarrement, il est presque aux abonnés absents, car une fois de plus, on dit ce qui se passe mais on n’y fait guère participe le lecteur.
Par contre, ce roman est une splendide apologie de l’homosexualité féminine : une campagne convaincante en faveur de la tolérance et de la liberté. C’est aussi une condamnation sans appel de la rigidité dans laquelle se complaisent les égoïstes dès qu’ils disposent de pouvoir et d’argent. Ils adorent accuser les autres de crimes sans victimes fondés sur des tabous religieux ou de simples conventions. 
L’auteur est un homme. Il aime les femmes, c’est évident.
Une citation de lui : « On n’aime vraiment que si l’on a peur de perdre l’être aimé. » Après avoir lu ce roman, on sait pertinemment qu’Olivier Merle ne fait pas l’apologie de la possession d’un être humain par un autre. Le mot important est « peur », un sentiment qui envahit les amants lorsqu’ils se rendent compte qu’ils sont en train de vivre des moments privilégiés et, bien sûr, éphémères. Nous avons tous connu de ces moments où le bonheur est si intense qu’il en devient douloureux.  
Je citerai pour finir cette phrase magnifique du journaliste Philippe Gérard : “L’homme qui aime vraiment les femmes est un lesbien.”