samedi 18 juin 2022

 

Note de lecture : 

 

Sarah Moss’ Summer Water


Title : a (very) flawed masterpiece.


John Irving can get away with it, but when it comes to Sarah Moss, I have doubts.

Adopting a conversation style, chatting with the reader,

 flitting from one subject to another and slapping sledgehammer judgments 

on this and that (such as men who don’t like public hair), 

can appeal to some, perhaps, even, to many. Personally, 

I find it tiring, and it is a pity because some of the metaphors, 

evocations and dreams are excellent. 

L'impossible recherche ?

 


Si Joanne (J'ai changé les noms, bien sûr) haïssait les hommes, Linda les aimait. Elle « couchait » comme on dit dans les villages. Elle aimait les hommes mais elle les méprisait aussi et, en fin de compte, elle les haïssait.
J’ai été son collègue de travail pendant quelques années. Au début, je savais vaguement qu’elle changeait assez souvent de petit ami mais cela ne m’intéressait pas. Lors de plusieurs voyages scolaires avec elle, nous commençâmes, par la force des choses, à bavarder. Je me suis alors aperçu qu’elle allait draguer ses mâles dans les bars et les boîtes de nuit. Certes, il doit exister, ici et là, des couples aimants et durables qui se sont rencontrés comme cela mais, dans l’ensemble, le taux de ratés, de tordus, de violents, d’irresponsables, d’égoïstes et de demeurés est tout de même plus élevé dans ces endroits-là que dans les autres. Linda ne comprenait pas que l’on puisse trouver l’âme sœur autrement. Le dernier en date dont elle m’ait parlé avant que j’aille enseigner ailleurs, insistait pour lui pisser dessus. Ne faisant pas partie du nombre infinitésimal de femmes qui aiment cela, elle s’apprêtait à le quitter. J’ai vainement essayé de la convaincre que tous les hommes n’étaient pas des nuls. Cependant, notre établissement étant un collège-lycée mixte, force m’était de constater l’insondable indigence intellectuelle et émotionnelle d’une écrasante majorité de garçons. « Quand on est con, c’est pour la vie » dit le proverbe. La pauvre Linda passait d’une période de déprime à celle d’un optimisme inattaquable quant aux qualités du prochain partenaire. J’avais envie de lui conseiller d’essayer les femmes mais je n’étais pas assez proche d’elle pour cela, et ne souhaitais pas le devenir…
Il y a des femmes, comme cela, qui attirent irrésistiblement les imbéciles et sont attirées par eux. Elles ne se rendent pas compte qu’il existe tout de même un autre monde. C’est comme si on leur avait jeté un mauvais sort. On ? Qui ? Les parents peut-être.

vendredi 17 juin 2022

 

Note de lecture :

Je viens de terminer Le Train de George Simenon. Quel délice ! J'avais oublié à quel point c'était un grand auteur. La rigueur de son style évoque celle d'Albert Camus.

Ce n'est pas un roman policier. Pas d'inspecteur Maigret, et pourtant la tension nerveuse et la menace de l'incertitude sur l'avenir sont présentes dès le début. Marcel va-t-il quitter sa femme pour Anna ?

Le récit aurait pu se terminer dans un nuage de tristesse sur les marches de la maternité de Bressuire. La fin est encore plus triste, mais aussi plus noble et plus admirable.

Comme dans beaucoup de ses romans – et là encore, je le rapproche de Camus – Simenon nous opresse par cette sensation que nous sommes simplement les jouets des circonstances.


samedi 11 juin 2022

 

Aimer et souffrir. 

Quand on aime vraiment, profondément, passionnément, on souffre sans répit. On souffre dès que l’on n’est plus avec l’être aimé, ce qui est logique. Par contre, ce qui est beaucoup moins logique, c’est de continuer à souffrir lorsqu’on est en compagnie de l’être aimé. Notre deuxième cerveau, sous le nombril et le pubis, hésite et tourne comme une baratte : lancinante et délicieuse douleur dont on ne voudrait pour rien au monde se débarrasser. Je ne parle absolument pas d'érections ou de sécrétions vaginales : c'est plus profond, plus essentiel et plus subtil. On peut avoir la peur au ventre, mais on peut aussi avoir l’amour au ventre. « Suis-je amoureux ? » se demandent certains. Si tu as “l’amour au ventre”, alors oui : tu es amoureux.