mardi 1 mai 2018

L'école du vide


Entre les suppressions de mauvaises notes (quand il ne s’agit pas de suppression de toutes les notes), entre l’obtention du Bac pour presque tous, entre l’abandon de l’orthographe, de la grammaire et de la dictée, ainsi que de la chronologie en histoire, on voit bien que notre système d’éducation est devenu une véritable « école du vide ».
Certains profs, me dit-on, travaillent dur. Aucun doute là-dessus. Ils se divisent d’ailleurs en trois catégories bien distinctes : ceux qui travaillent dur parce que les élèves sont indisciplinés, ceux qui se donnent bonne conscience en passant un temps fou à des tâches n’ayant rien à voir avec l’élévation du niveau des élèves, et ceux qui se battent ouvertement ou en catimini contre les directives absurdes de l’inspectorat. Par probité professionnelle, ces derniers sabordent sciemment leur avancement et leur carrière. Ils sont ce que Marcel Pagnol aurait appelé des saints laïques.
À l’exception de Claude Allègre, les ministres socialistes qui se sont succédés au gouvernement ont tout fait pour abêtir les élèves et réduire le niveau du bac à son plus petit commun dénominateur. Majoritairement de gauche, les profs applaudissent avec enthousiasme. Les plus jeunes sont sincères : incapables de transmettre ce qu’ils n’ont pas appris eux-mêmes, ils ne voient pas où est le mal.
Les socialistes honnêtes (il y en a) confondent depuis des décennies l’égalité des chances avec l’égalité des résultats. Les socialistes malhonnêtes (la majorité) voient dans la baisse du niveau culturel des jeunes une occasion de les amener à voter à gauche.
Les victimes temporaires de cette abdication sont les élèves qui ont travaillé dur, intelligemment et honnêtement pour obtenir le fameux bac. Quand ils voient ceux qui sont incapables d’aligner deux phrases sans fautes et sans anglicismes obtenir néanmoins le diplôme, ces bons élèves se demandent si tous leurs efforts valaient vraiment la peine.  
La réponse est « oui », car en travaillant consciencieusement, ils ont quand même appris quelque chose. Le cursus du bac est moins destructeur que les méthodes d’enseignement. Ces connaissances, qu’ils ont souvent acquises en dépit du système, leur serviront dans un métier, une  profession, ou bien s’ils vont à l’université.
Entre temps, ceux qui, dans des circonstances normales, n’auraient jamais dû obtenir le bac se retrouvent sans aucun atout intellectuel ou manuel. 
Pendant ce temps, les enfants et petits-enfants des soixante-huitards attardés fréquentent les écoles privées.