dimanche 18 novembre 2018

Brexit


À force de pinailler et de chipoter sur des queues de cerise ; à force d’inventer constamment de nouveaux obstacles, les mafieux de l’union européenne ont fini par rouler Teresa May dans la farine. Même François Hollande avait raison quand, au lendemain du référendum, il demandait au gouvernement britannique de déclencher l’article 50 dans les 48h. C’eût été certainement un choc pour le système, un peu chaotique peut-être, mais il ne faut pas sous-estimer le pouvoir d’adaptation de la population, et nous serions tirés d’affaire à présent.
Les discussions sans fin qui paralysent le processus portent toutes sur le marché, l’économie, les droits de douane, etc. En se focalisant sur les aspects financiers et administratifs du Brexit, on oublie le côté psychologique. Les Britanniques ont voté avec leur cœur : principalement, ils ne voulaient plus que les décisions d’ordre juridique leur soient imposées de l’extérieur. Une nation ne se sent souveraine que lorsqu’elle est libre de voter ses propres lois.

mardi 6 novembre 2018

Art poétique



Il faut faire la différence entre l’art poétique qui est, par définition, l’art d’écrire de la poésie, et UN art poétique qui résume la façon dont un écrivain envisage la création littéraire pour les autres, mais surtout pour lui-même. 

Je me lance :



- Limiter le nombre des personnages, et s'assurer que le lecteur les connaisse et les reconnaisse bien. On peut s’accommoder d'un grand nombre de personnages sur la scène, et encore plus dans un film, mais dans un roman, qui ne sera probablement pas lu d'une seule traite, il faut que le lecteur puisse situer (et reconnaître) chaque personnage sans hésitation.

- s'assurer que le lecteur puisse s'identifier avec le personnage principal. Ce dernier ne doit pas nécessairement être quelqu'un doué de grandes qualités. Dans le film "Léon", le spectateur s'identifie avec un tueur à gages. Si le roman est bien écrit, un vieillard, pendant sa lecture, n'aura aucun mal à s'identifier avec une petite fille, un aventurier avec un moine ou encore un marin avec un alpiniste. 


- Mettre le lecteur au centre de l'action en jouant sur les cinq sens. Le personnage principal touche et sent (l'odorat est la base des souvenirs d'enfance, par exemple). Sa peau réagit au froid, à la chaleur, à l'humidité et à bien d’autres stimuli. Il goûte, il entend, il voit. Flaubert ajoutait un sixième sens : le sens du rêve. La dernière phrase d'un chapitre ou simplement d'un paragraphe est particulièrement importante pour encourager le rêve. Il suffit souvent de mentionner le ciel, les grands espaces, la cime des arbres, les nuages ou les étoiles. 


- Indiquer comment les personnages sont habillés, mais sans que cela devienne un "truc" répétitif trop évident. 


- La météo : quel temps fait-il à tel ou tel moment ? La météo peut accompagner les états d'âme d'un personnage, soit par contraste (une grande souffrance pendant une matinée paradisiaque) soit comme une musique d'accompagnement : vent et pluie avec la tristesse ; orage avec la peur ou la colère. 


- L'eau. Nous somme composés d'eau à 70%. Nous y réagissons inconsciemment. Freud a découverte cela, mais Racine (Voyez tout l’Hellespont blanchissant sous nos rames), Baudelaire et Flaubert s'en doutaient depuis longtemps. 


- La lumière. Elle est le symbole de la vie, de la joie et du bonheur. Dans "Madame Bovary", après que Léon eût trouvé le courage d'avouer son amour à Emma, il s'approche de la fenêtre et voit les nuages qui se dissipent, et la lumière qui tombe sur terre. Pensez aux romans que vous avez aimés : la première admission d'amour, le premier baiser, la première nuit passée avec l'être aimé, et l'écrivain (inconsciemment la plupart du temps) vous inonde de lumière. 


- Le rythme de la phrase. Flaubert relisait chacun de ses paragraphes à haute voix. Il appelait cela son "gueuloir". Bossuet le faisait aussi avant de prononcer un sermon. On peut demander à quelqu'un d'autre de lire un paragraphe. Si la personne "trébuche" en le lisant, c'est que ça cloche : c’est peut-être un mot qui se termine par un son de consonne alors le mot suivant  commence aussi par une consonne, ou peut-être que, de façon inconsciente, le lecteur s'attendait à ce qu'une phrase ait une syllabe de plus... ou de moins !


Un bon roman est un poème en prose.