lundi 27 septembre 2021

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Impressions d’Ecosse :


Tout au long du voyage, j’ai été frappé par la prolifération de nouvelles usines ainsi que par la nouveauté de leur style. Pour la première fois depuis le début de la révolution industrielle, les usines (ou les architectes de ces usines) font un effort pour les insérer harmonieusement dans le paysage.

Autre nouveauté, ou plutôt un renouveau : le retour et la prolifération des murs en pierre sèche. Un immigré Afghan a réussi à intéresser sa commune Écossaise au fait qu’en Afghanistan, presque toutes les propriétés sont entourées de murs en pierres sèches. Les murs champêtres écossais s’effondraient car personne ne savait comment les réparer. C’est loin d’être aussi simple que ça en a l’air. Cet Afghan a mis sur pied un atelier pour rénover les murs. Succès foudroyant : c’est maintenant un chef d’entreprise qui emploie d’autres Afghans dans toute l’Ecosse et jouit d’un excellent niveau de vie. 


Un petit cocorico : hier il a fait chaud (oui, même en Ecosse) et j’ai eu envie d’un jus de fruit. Au bar de l’hôtel, j’ai demandé un jus d'abricot. On m’a regardé comme si j’arrivais d’une autre planète. J’ai essayé pamplemousse, puis mangue… même réaction. Jus de tomate ? Kif-kif ! J’ai dû me contenter d’une sorte de jus de fruit qui aurait pu servir de rince-bouche chez le dentiste. Cela m’a remis en tête l’une des conclusions du Hudson Institute : la France jouit de la meilleure qualité de vie pour les gens aux revenus modestes. 


La France et l’Ecosse se sont toujours bien entendues. Au début de la guerre de cent ans, Froissart, l’historien attitré de Louis IX, se trouvait à Sterling. Le roi écossais David II, ayant eu l’occasion de voir des tapisseries de Paris venant de la manufacture qui deviendra plus tard Les Gobelins, demanda à Froissart de lui en commander une. De retour en France, Froissart n’avait plus qu’une idée assez vague du château de Stirling (trop de whisky, peut-être), si bien que la tapisserie, censée représenter le château vu depuis la prairie des tournois, est assez loin de la réalité, mais David l’a aimée quand même. Elle se trouve maintenant dans la salle à manger de l’hôtel où je suis descendu. J’ai essayé de trouver sa valeur sur le Net : aucune chance, seulement le prix d’une reproduction pour 450€. Et l’original ? Il faudrait probablement ajouter deux zéros. Les propriétaires de l’hôtel s’en accommodent volontiers. 



Note un peu triste : sur les 97 distilleries de whisky écossaises, 24 ont été rachetées par la firme italienne Campari, et cela parmi les plus importantes. Pourquoi ? Trop de taxes ? Le whisky se vend moins cher en Italie qu’en Ecosse. 


Dans l’imagination populaire, les trois symboles les plus frappants de l’Ecosse sont : le kilt, les binious et le haggis.

Je n’ai vu que deux kilts : le premier visiblement porté par un touriste américain, le deuxième par un authentique Ecossais. Il y a une façon de marcher qui ne trompe pas quand on sait porter un kilt. Je ne me suis pas risqué à en acheter un.

En 10 jours je n’ai pas entendu un seul biniou.

J’ai essayé le haggis. Un seul essai n’a certes pas valeur de statistique. Disons simplement que le plat n’était pas désagréable, et restons-en là. C’est un peu comme l’architecture urbaine. Elle n’est pas à 

proprement parler laide mais désespérément lourde et froide. 



Et les paysages dans tout cela ? Magnifiques : 20/20. J’ai eu la chance de ne subir qu’un seul jour de pluie (juste du crachin). La brume qui parfois effleure les lacs ainsi que leurs rives emmitouflées de sapins ou de feuillus vert sombre, évoque des grondements de violoncelles et des lamentations de cors de chasse. Pas étonnant que Mendelssohn & Bruch y aient puisé de l’inspiration.