jeudi 17 novembre 2016

Majorité



Lors des dernières élections américaines, quelques 200000 personnes de plus ont voté pour Hillary Clinton que pour Donald Trump. On comprend la colère de certains. Le système des grands électeurs date de l’époque où il fallait plusieurs jours pour que les résultats arrivent à la capitale de chaque État, et encore plusieurs jours pour qu’ils arrivent à Washington. C’était l’époque du Pony Express, un service postal basé entièrement sur le transport à cheval. Le système des grands électeurs, qui nous paraît bien compliqué, était vu à l’époque comme un moyen de simplifier le procédé. 


Déjà, en 1962, Richard Nixon avait obtenu plus de voix que John Kennedy, mais moins de grands électeurs. Il avait donc été battu. 


Le succès de Donald Trump est d’autant plus extraordinaire que, à l’exception de deux ou trois feuilles de chou locales, toute la presse, grande ou petite, quotidienne ou hebdomadaire, s’est déchaînée contre lui avec une agressivité, et surtout une vulgarité qui laisse loin derrière ce que l'on pourrait reprocher aux propos de Trump lui-même. On peut dire que les media ont bien rigolé. La revue Newsweek qui, il y a seulement deux ou trois ans, était un modèle de journalisme responsable, toujours analysant le pour et le contre, était devenue une harpie, pleine de mépris et de coups bas.
Apparemment, The New York Times et The Washington Post ont publié leurs excuses pour les débordements qu’ils se sont permis durant la campagne présidentielle. Verra-t-on Le Monde en faire autant ?
La vague de haine et de moqueries des media américains contre Donald Trump a certainement fait pencher la balance en faveur de Clinton. Nous avons assisté à un lavage de cerveau en règle, organisé et financé, qui a exacerbé les haines et conduit aux incidents que l’on déplore aujourd’hui.

J'aurais voté pour Trump. Malgré cela, à l’avenir je souhaite sincèrement que le président soit élu au suffrage universel englobant tous les États. Ce serait quand même plus logique !

mercredi 16 novembre 2016

Quatre mariages et un enterrement



Hier soir, la chaîne N° 8 diffusait Quatre Mariages et un enterrement. J’adore ce film, que j’ai dû voir à peu près 3 fois en anglais avant la diffusion d’hier soir.
“Je déteste ce film.” Me dit une amie que nous appellerons Sidonie. Je trouvais son jugement difficile à accepter.
À 21h j’étais devant mon poste. Au bout de quelques minutes, j’ai commencé à comprendre un peu mieux l’attitude de Sidonie. Le milieu social où évoluent les acteurs se situe entre université et aristocratie. Leur façon de parler pose d’évidents problèmes de traduction. Ça, je m’y attendais. Toutefois, je ne m’étais pas rendu compte à quel point une lourde adaptation peut tuer les piques, les mots d’esprit et le charme souvent sarcastique des conversations. Dès le départ, je sentais que le scénario avait du plomb dans l’aile.
En anglais, les dialogues sont plutôt rapides : ça fuse ! Malgré tout, les acteurs s’expriment clairement et distinctement. On attend les répliques au tournant. C’est un délice. En français, on avait beaucoup de mal à comprendre les dialogues, tant l’élocution s’engluait sans conviction en une sorte de grommellement continu.
La beauté de ce film vient en grande partie de ce que la frivolité des personnages n’est que superficielle. Ils arborent stoïquement des attitudes légères, mais souffrent de l’universel mal de vivre. Côté sérieux donc : même manque de conviction de la part des acteurs français, ce qui affaiblissait encore l’impact du film.
En VO, la voix d’Andy McDowell est celle d’une merveilleuse contralto, pleine de velouté mais aussi de persuasion. En français, elle pigne avec une voix de fillette.
“C’est toujours comme ça avec les doublages.” Me dit Sidonie. Eh bien non : j’ai souvent regardé des séries américaines telles que NCIS, Monk, The Mentalist ou Castle en VO. Quand je les regarde en français, non seulement je ne détecte pas de faiblesses, mais je suis plein d’admiration pour le doublage. Le ton des voix est recréé à l’identique ; le phrasé aussi. Quant à l’humour, il survit à l’adaptation et passe la barre.
Alors ? Alors il faut simplement admettre que dans le cas de Quatre mariages et un Enterrement, quelqu’un, c’est-à-dire le ou la responsable du doublage a merdé grave.

lundi 14 novembre 2016

Soeur Thérèse



En recherchant les programmes de télévision pour la soirée, je suis tombé sur une présentation de Sœur Thérèse point com.
Il y avait une place pour les commentaires de spectateurs, et l’un d’eux avait écrit : “L’opium du Peuple.”
À prendre connaissance d’une réaction aussi instinctive, on peut se demander:
    a) Si ce téléspectateur avait jamais regardé le programme en question.
-   b) S’il en dirait autant de Lakmé à l’opéra ou Antigone au théâtre. 
Réflexion faite, je n’imagine guère un esprit aussi primitif allant à l’opéra ou même au théâtre.
Dans Lakmé, il faut accepter les conventions et tabous de l’indouisme ; dans les pièces de Racine, la présence des dieux grecs, puis bibliques ; dans le Faust de Gounod, la mièvre bondieuserie du XIX° siècle, etc. Et on le fait sans effort, tant le côté artistique ennoblit les croyances absurdes, croyances qui ne sont, la plupart du temps, que des prétextes à l’intolérance et la cruauté. C’est d’ailleurs là que réside le côté tragique de ces productions littéraires ou musicales.
Oui, les religions sont l’opium du peuple ; et dans le cas de l’islam, ce n’est plus de l’opium, ce serait plutôt de l’amphétamine. Oui, les doctrines laïques comme le national-socialisme ou le communisme les rejoignent dans l’intolérance et l’esprit de persécution. Si la création artistique devait être épurée de tout illogisme religieux ou politique, il ne resterait plus grand-chose.
La religion catholique, avec ses menaces, ses mensonges et son arrogance, m’a fait beaucoup souffrir dans mon enfance, et je n’ai pas la langue dans ma poche quand il s’agit de la combattre, tout en étant conscient de la futilité de ce combat, car si elle disparaît, elle sera remplacée par des doctrines encore plus cruelles.
Tout cela pour dire que je n’hésite pas une seconde à regarder Sœur Thérèse point com, et j’y prends beaucoup de plaisir. Le scénario est un délice, les dialogues brillants, et les caractères typés avec talent et humour. Pas un gramme de méchanceté chez les sœurs, qui méritent pleinement leur appellation de bonnes sœurs. Les acteurs, qui sont surtout des actrices, sont superbes. Sœur Thérèse (Dominique Lavanant), bien sûr, mais aussi sœur Suzanne (Maria Duccheschi) et l’extraordinaire mère supérieure (Édith Scob) qui allie si bien fermeté, compassion et curiosité de chat. Elle est restée jeune de cœur.
Chez les « civils » même chose : on y rencontre le lieutenant Gérard Bonaventure (Martin Lamotte) au charme populaire et aux réactions d’inspecteur Clouzot, l’inénarrable commandant Mazaud (Gérard Caillaud) et le jeune flic amoureux d’une bonne sœur, tous  acteurs de grand talent, à la diction claire, avec intonations naturelles et convaincantes.
Foin de l’opium du peuple : ne gâtons pas notre plaisir.