jeudi 10 décembre 2015

Bonne volonté



“Sod’s law”. Voilà une expression populaire que même les vieilles dames distinguées emploient parfois en Angleterre. Se rendent-elles comptent qu’il s’agit, en fait, de la loi de la sodomie ? On se fait enculer. Bien sûr, de nos jours, cela signifie seulement “loi de la malchance”, ou encore loi de la tartine qui tombe toujours sur le côté beurré.

Nous étions au petit matin d’une nuit chaude et poisseuse. J’avais des invités qui, en arrivant, ont déclaré sans ambiguïté leur intention de faire la grasse matinée. Moi, par contre, je me lève toujours de très bonne heure. Disons six heures. Alors, comment concilier les deux ? À six heures et demie, n’en pouvant plus, je progresse avec des ruses de Sioux vers les toilettes. Je n’actionnerai pas la chasse d’eau. Après tout, ce n’est qu’un numéro 1. Mieux vaut une légère entorse aux principes de l’hygiène qu’une impolitesse envers les invités. J’ouvre délicatement la porte des toilettes. Normalement, elle ne fait aucun bruit. Ce jour-là elle couine et gémit à fendre l’âme.

Sod’s law.

Je soulage ma vessie, puis au moment de rabattre le couvercle, celui-ci me glisse des mains et s’abat sur le siège avec un claquement d’arme à feu. 

Sod’s law. 

Tant pis : autant actionner la chasse d’eau. Les invités se lèvent et se dirigent à leur tour vers les toilettes à l’aide de leur GPS car ils n’ont pas encore récupéré leur sens de l’orientation. 

Ce n’est pas faute d’avoir fait preuve de bonne volonté… Alors, pourquoi me lancent-ils des regards noirs ?

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