mercredi 2 décembre 2015

Divertissement



Il y a quelques années, j’ai rencontré un homme dont la grande passion était de polir des pierres. Il allait en chercher dans les ruisseaux des parcs régionaux ou nationaux, et il les mettait dans une machine à polir, ce qui montre bien qu’il n’était pas le seul à s’adonner à ce passe-temps, sans quoi le fabricant de machines à polir aurait fait faillite depuis longtemps. Il fallait plusieurs jours pour arriver à un beau résultat. On ajoutait des poudres, on changeait les tampons. Le produit fini était joli, certes, mais que faire ensuite de tous ces cailloux doux et luisant ? « Ne ris pas, surtout ne ris pas » me répétais-je pendant que l’heureux propriétaire dissertait avec lyrisme sur la géologie et la structure de ses petits chefs-d’œuvre.
Il y a longtemps que je ne ris plus : cet homme possédait la sagesse consistant à accepter qu’il n’était, justement, qu’un homme. Son passe-temps, son divertissement pascalien, n’était pas plus méprisable que celui d’un autre.

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