dimanche 3 avril 2016

Presse-propagande



« Quand tout va bien » disait André Maurois « on ne peut en faire un roman ». On pourrait ajouter : ou un film ou une pièce de théâtre.
Le roman est-il le miroir d’une société particulière ou de l’espèce humaine en général ?
Les deux mon Capitaine mais je donnerais plus d’importance à la deuxième proposition qu’à la première. En effet, ce qui fait le succès d’un roman, c’est son universalité. Pourquoi lit-on encore « La Princesse de Clèves » ? Notre monde n’est plus celui du XVII° siècle et encore moins celui des cours royales et des bals somptueux aux toilettes extravagantes. Pourtant nous vibrons avec la jeune princesse. 
On pourrait transposer l’intrigue sans rien en perdre : une jolie étudiante tombe amoureuse d’un homme notoirement volage. Il est également attiré par elle, mais elle lui résiste car elle sait qu’il est volage. Il promet de se réformer. « Promesse d’ivrogne » pense-t-elle. Et elle ne le croit pas. A-t-elle raison ? C’est au lecteur de décider.
Doit-on en conclure, puisqu’il s’agit d’un roman français, que tous les Français sont volages, et que « La Princesse de Clèves » est la critique sanglante d’une société française en pleine décadence ? La réponse « NON » est tellement évidente qu’on me demandera pourquoi j'ai posé la question.
Si j’ai pris la peine de la poser, c’est que je vous demanderai maintenant d’imaginer que le roman de la belle étudiante amoureuse d’un homme volage ait été écrit par un Américain.
Ah, ha ! Alors là, ça change tout. Je vois les journalistes « littéraires » du Monde, de Libé ou de Télérama se précipiter, toutes griffes dehors, vers leur clavier. On a agité devant eux un drapeau rouge et ils foncent : « Ce roman est une critique sanglante de la société américaine dont elle dénonce l’hypocrisie et la décadence…. » Évidemment !

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