dimanche 17 avril 2016

La Tranche en Vendée



Je suis peut-être un peu bizarre (mes amis me demanderont de barrer le « peut-être ») mais j’adore les stations balnéaires en hiver. Le grand air froid de l’océan a balayé les odeurs de praline, barba papa, oignon frit et guimauve. On respire « propre ». Les rues désertes, sont bordées de sable envolé de la plage lors des tempêtes. Le vent ulule dans les fils électriques et téléphoniques. Les boutiques jaunes et jaunâtres annonçant gaufres et crêpes alignent de guingois leur vulgarité agressive ; les tréteaux publicitaires s’abritent dans les embrasures des magasins. Les enseignes pendouillent en grinçant sur la rouille de leurs charnières.
Derrière, dans les petites rues, s’alignent les résidences secondaires aux volets soigneusement clos.
Des fantômes diurnes évoluent dans ce décor de théâtre. J’essaie de faire abstraction des suant suceurs de cornets de glace ou des grosses dondons qui bloquent le trottoir en choisissant une carte postale ou en essayant une casquette à la visière transparente. D’autres fantômes, comme les filles en bikini, sont plus agréables.
Nous savons bien que tout est éphémère. Ce monde qui semble construit en carton-pâte, cette ville abandonnée aux vents glacés de l’hiver, ce squelette d’un monde temporairement disparu, tout dégage une poignante mélancolie. Je me surprends à fredonner la chanson : « Sur la plage abandonnée, coquillages et crustacés… »

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