samedi 5 mars 2016

Logique



La France a la réputation d’être un pays qui aime la logique, un pays cartésien. Ayant vécu plus de la moitié de ma vie dans des pays anglophones, je puis assurer sans risque que c’est une réputation qu’elle s’est donnée elle-même. Personne d’autre n’est au courant.
C’est ainsi qu’en Angleterre, au Canada et aux États-Unis (et probablement dans beaucoup d’autres pays) il y a toujours une route qui a priorité sur les autres. La priorité à droite n’existe pas. Ce système de priorité à droite fut élaboré en France à une époque où il avait fort peu d’automobiles. Vers la fin des années cinquante, avec 16 000 morts par an sur les routes, on s’est enfin rendu compte qu’il fallait faire quelque chose. Les « passages protégés » virent le jour. Ils donnaient la priorité de certaines grandes routes sur certaines petites, mais pas toutes ! Vers l’année 2000, à quelques exceptions près, le système s’était enfin généralisé à la fois en campagne et en ville.
En combinant cette mesure avec le port obligatoire de la ceinture et la baisse des vitesses, le nombre de morts sur la route est tombé à 3500 par an. C’est encore beaucoup.
Or, de plus en plus de mairies remettent au goût du jour le système de la priorité à droite. Certaines municipalités, comme à Saint-Nazaire ou à La Baule, poussent la perversion jusqu’à instituer la priorité à droite pour une rue sur deux, par exemple, quand ce n'est pas tout simplement sans rime ni raison. Je connais des Nazairiens qui me disent qu’il ne se passe pas une semaine sans un accrochage dans leur rue. À quand l’accrochage avec un scooter et la mort d’une jeune fille ?
La France s’enorgueillit de recevoir 80 millions de touristes par an. Dans leur grande majorité, ces touristes, qui représentent un apport vital pour notre économie, viennent de pays où la priorité à droite n’existe pas. Pour eux, pauvres naïfs, une grande rue a priorité sur une petite, d'où chaque année des centaines d'accrochages et de vacances gâchées. Il est vrai que ces gens-là n’ont pas la chance de vivre dans un pays cartésien et logique. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire