mercredi 30 mars 2016

Le pire et le meilleur



La meilleure des choses et la pire des choses disait Ésope en parlant de la langue.
Les Britanniques lisent beaucoup plus les journaux que les Français. Le plus fort tirage de presse, en France, est de l’ordre de 500 000 exemplaires. En Grande Bretagne, c’est 5 millions. On pense au Times, bien sûr, mais aussi au Daily Telegragh (meilleur que le Times, à mon avis) et même The Guardian (bien que ce dernier soit limite, limite...)
Il y a une autre presse. Il s’agit de la presse populaire, les tabloïds, comme on dit.
J’ai longtemps éprouvé vis à vis de cette presse un sentiment de répulsion. Son arrogance, son racisme, ses insultes, sa recherche du sensationnel, son intrusion dans la vie privée de tous ceux qui créent l’événement (et pas seulement des gens célèbres), tout cela me déplaisait profondément et me déplaît encore. Il y a, dans cette presse, une hiérarchie du mal et du ridicule. Cela va du Daily Mail, qui arrive à garder une certaine dignité et une certaine éthique, au Sun et au Mirror où se déchaînent les plus bas instincts de la presse populiste.
Et pourtant… et pourtant. Cette presse se fait souvent la championne des causes perdues, surtout pour les gens « sans importance », c’est à dire, en langage clair, sans argent. Une facture d’électricité totalement farfelue, se chiffrant en milliers de £ et ne correspondant en rien à la véritable consommation d’un abonné, mais pour laquelle la compagnie d’électricité refuse de transiger ; une enquête policière bâclée ; un collège ou les « grands » persécutent les petits sans que le proviseur s’en préoccupe ; une compagnie d’assurance qui refuse de payer pour des motifs oiseux…
Quand « l’homme de la rue » comme on dit (qui doit quand même bien rentrer chez lui de temps en temps) est victime d’une injustice flagrante de la part d’une administration ou d’une compagnie privée, il se tourne vers la presse populaire qui, après enquête, expose les fautifs sans prendre de gants. Ça ne marche pas toujours mais ça marche très souvent ; assez souvent pour que la menace : “je vais en parler à la presse” soit efficace dans la plupart des cas.
La pire et la meilleure des choses…

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