lundi 11 janvier 2016

Torture



« Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère » disait Baudelaire. Mon oncle Éliacin, tout prêtre qu’il était, disait qu’il n’y avait pas une seule horreur humaine dont on ne soit inconsciemment le dépositaire. Il pensait à ceux qui mangent de la merde ou couchent avec des cadavres, mais il pensait aussi aux effrayantes tortures que certains sont capables d’infliger à leurs frères humains, que ce soit par appât du gain ou pour des raisons d’idéologie politique ou religieuse.

Je suis l’autre et l’humanité est ma ruche. C’est ce qui nous donne l’acceptation irréfléchie de sauter devant un camion, et de nous faire écraser pour sauver un enfant. 

A l'autre bout du spectre, se retourner contre les autres pour les torturer, c’est se retourner contre sa propre ruche. C’est le plus grand, le plus impardonnable des crimes.
L’émotion que nous ressentons en visitant un camp de concentration Nazi ou communiste n’est pas un sentiment de haine envers les Allemands ou les Russes, mais un sentiment de honte envers nous-mêmes car ces Nazis et ces communistes étaient comme nous, au départ. Ils étaient nous et nous sommes eux. C’est nous qui, en tant qu'espèce biologique, avons concocté toutes ces horreurs. C’est nous qui, dans le monde entier, torturons, exécutons, émasculons, excisons et lapidons en ce moment même.

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