mercredi 20 janvier 2016

Fragilité



Banalité : La vie est fragile. Quand je vois un cadavre (et je pense à ceux de ma Tante et de JC) j’ai l’impression d’être devant une machine qui a simplement cessé de fonctionner. Je pense à une voiture. Il faut changer les essuie-glaces : petits ennuis. La batterie est à plat. Il en faut une nouvelle. La courroie de distribution aussi a besoin d’être changée. Puis un rebord de caoutchouc se détache autour d’une portière. Le tuyau d’échappement brinquebale. Le joint de direction commence à fuir. Bientôt, les circuits électriques du tableau de bord se mettent à donner des indications fantaisistes. La portière de gauche développe un « rossignol ». C’est la vieillesse. Et puis, un jour, c’est la panne, la vraie, celle qui immobilise la voiture, en général sur une route déserte, en pleine nuit et sous une pluie battante.
Le corps que nous habitons est si compliqué ! Tellement de choses peuvent tomber en panne ! Chaque instant de vie devient ainsi un instant privilégié.
Cette fragilité que nous admettons pour nous-même, nous commençons à peine à concevoir qu’elle puisse s’étendre à l’espèce humaine toute entière, puis à la planète, au système solaire, à la galaxie… Nous existons dans des ensembles incompréhensibles, immenses, éphémères et instables. Nos mesquineries, nos intolérances, nos cruautés et nos religions n’en paraissent que plus absurdes. Nous sommes en train de faire l’expérience d’un accouchement intellectuel aussi douloureux que les révolutions coperniciennes et galiléennes.

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