samedi 2 janvier 2016

Science et bon sens



 Quand j’avais entre 8 et 13 ans, je me souviens d’avoir eu avec des amis, des profs ou des membres de ma famille, de fréquentes conversations sur ce que l'avenir nous réservait. Cela commençait par des questions dans le genre : « Qu’est-ce que tu aimerais voir au cours de ta vie, quelles découvertes, quels développement ? » Je répondais invariablement : « Un homme sur la Lune, la fin du communisme et des femmes nues au cinéma. » On riait autour de moi, car ces trois choses-là semblaient tellement impossibles !
Pour les progrès scientifiques, j’étais plus prudent. Malgré mon jeune âge, je savais que le bon sens – ou le sens commun – ne s’adapte pas à la science comme deux pièces de puzzle. Le bon sens, en effet, nous dirait que la terre est au centre de l’univers… Il y avait toutefois un problème pour lequel, me semblait-il, le bon sens devait l’emporter : c’était la théorie de la dérive des continents d’Alfred Wegener. Les côtes d’Afrique s’emboîtent tellement bien dans celles de l’Amérique du Sud, qu’il m’apparaissait impossible que Wegener n’eût pas raison.
Le monde scientifique se moquait de lui : on ne voyait pas POURQUOI les continents auraient dérivés. Les chercheurs, en clamant ainsi que c’était impossible, étaient tombés dans le piège du bon sens, de ce bon sens qu'ils étaient si fiers d’avoir méprisé par ailleurs. Il a fallu la découverte des dorsales océaniques dans les années 60 pour qu’ils admettent enfin leur erreur. Cela m’a fait chaud au cœur.
Et maintenant, je vais me risquer à faire une prédiction. Les films et documentaires sur les dinosaures leur donnent une voix ; et c’est toujours la même, pour tous les dinosaures : une sorte de barrissement éléphantesque. Cependant, quand on considère l’éventail des sons émis par les animaux, on constate une immense variété. Chats et chiens sont deux mammifères. Pourtant, quelle différence dans leur langage ! Et que dire du cheval ou de l’âne ? Si nous les connaissions seulement en tant que fossiles, comment pourrions-nous imaginer leurs vocalises ?
Quant aux oiseaux, leurs chants se comptent par milliers. Or, justement, les oiseaux sont les descendants directs des dinosaures.
Voici ma prédiction : un jour, on réussira à reconstituer les voix des espèces disparues. C'est avec délice que j'imagine un diplodocus se traînant lourdement en émettant des coin-coin, ou un tyrannosaure gloussant comme une dinde !

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