dimanche 8 mai 2016

Qui sème le vent...

De rares journalistes se préoccupent de l’avenir culturel de la France. Ils nous mettent en garde contre l’islamisation du pays, et ils ont raison. Ils nous encouragent également à revenir aux valeurs fondamentales du catholicisme. Là encore, ils ont raison, mais il s’agit d’un catholicisme de rêve qui n’a jamais existé. C’est l’illusion de l’âge d’or, l’illusion du « bon vieux temps ».

J’appartiens à une génération qui a été étouffée et culpabilisée par le catholicisme. Mes mentors étaient des obsédés sexuels à rebours. Nous étions complètement noyautés par les fêtes liturgiques : Epiphanie, carême, semaine sainte, Pâques, Ascension, mois de Marie, Assomption, Toussaint, Avent et Noël. A cela, il fallait ajouter la confession, la grand-messe dominicale, parfois même les vêpres, la première communion, la communion solennelle, la confirmation, puis le mariage, les baptêmes et l’extrême onction. Enfin, au milieu de tous cela s’intercalait la Fête-Dieu, et coup de massue final, les « missions » pendant lesquelles des prédicateurs chevronnés venaient redonner aux fidèles la peur de l’enfer. Le tout était survolé d’entités mythiques que n’auraient pas reniées les Grecs et les Romains : vierge-mère, anges, démons et une ribambelle de saints. 


Comme un toit soutenu par une charpente vermoulue, ce bel édifice était soutenu par le mensonge : on niait ou on minimisait les tortures et les exécutions décidées par l’église à l’encontre des hérétiques, mais aussi des soi-disant sorcières. Faisant montre d’une hypocrisie éhontée, le clergé vous disait que les persécutions perpétrées à l’encontre des hérétiques et des sorcières avaient été accomplies par les autorités civiles. Comme Pilate, ils s’en lavaient les mains sans qu’une seule voix se lève, que ce soit du Vatican ou de la plus humble chaire de campagne, pour condamner de telles horreurs.

On disait que les prêtres avaient fait veux de chasteté, alors qu’en fait ils avaient seulement fait veux de célibat, ceci afin que leur héritage ne puisse pas être transis à des enfants, mais revienne en totalité à l’église. Une histoire de gros sous, tout simplement. Alors, célibat sans chasteté ? Dans les cas les plus bénins, cela se limitait à la bonne du curé. Autrement, il fallait que des enfants passent à la casserole ; souvent des garçons, d’ailleurs, en souvenir des nuits en dortoir au petit séminaire. 

Cela n’empêchait pas nos prêtres de tonner officiellement contre tous ce qui, de prêt ou de loin, avait trait à la sexualité. Leur religion, soi-disant d’amour et de charité, dégoulinait de haine. Les filles-mères étaient vilipendées du haut de la chaire, ainsi que les femmes (souvent les mêmes) qui se faisaient avorter. S’ils avaient pu, comme trois cent ans plus tôt, faire griller ces malheureuses filles sur le bucher, nos bons prêtres en auraient salivé à l’avance. Quant à la masturbation, elle ouvrait aux enfants les portes de l’enfer en compagnie des meurtriers, violeurs, tortionnaires, pyromanes et dictateurs génocidaires. De quoi donner des cauchemars aux gamins.    

On s’étonne après cela, du réflexe de dégoût envers le catholicisme qu’une génération (la mienne) a consciemment ou inconsciemment transmis à ses descendants ; mais la faute à qui ?

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