samedi 14 mai 2016

Premières impressions



Le premier amant de Victoria était doux, admiratif, patient, tendre et toujours soucieux de lui donner le plus de plaisir possible, accordant systématiquement la priorité à ses préférences, à elle. Bref : il l’adorait.
Victoria était persuadée que tous les hommes étaient comme lui. Elle le quitta pour un autre. Quelle ne fut pas, alors, sa déception !

Le premier amant de Jeanne était égoïste, irresponsable, querelleur, brutal, autoritaire et capricieux. Jeanne se persuada aisément que tous les hommes étaient comme lui. Elle en resta d’autant plus persuadée qu’elle était attirée par ceux qui parlent fort, possèdent une très haute opinion d’eux-mêmes, pensent que le monde n’existe que pour les servir, et que les règles de la morale civile ne les concernent pas. D'un amant à l'autre, elle choisissait son propre enfer.

Solange, la première amante de Mathieu était une gentille fille sans dimension pour qui le mot « érotisme » n’avait aucun sens. En tenant compte des différences de personnalité et de circonstances, Estelle, la deuxième, lui ressemblait beaucoup. La troisième également, ainsi que la quatrième. Cette quatrième, Denise, étant tout de même plus futée que les autres, Mathieu l’épousa. C’est alors qu’il rencontra Pascale, aussi intelligente, mais surdouée pour l’amour dans toutes ses variations, ses tendresses, ses audaces et ses subtilités. Trop tard ?

Que dire à ceux qui entament l’âge adulte, si tant est qu’ils aient envie qu’on leur donne des conseils ? Attendre de rencontrer l’oiseau rare, au risque, comme le héron de La Fontaine, de se contenter, à la longue, d’un limaçon ? S’en remettre au hasard ? Se dire que la vie est pourrie, et qu’on n’y peut rien ? 

Aux jeunes hommes (de bonne volonté, pas les autres) je dirais : méfiez-vous comme de la peste des femmes qui disent "Ah vous, les hommes, vous êtes bien tous pareils !" Dans les hommes qu'elles attirent, ces femmes refusent de voir autre chose que le désir.
On ne peut attirer l'amour que si l'on considère à quel point chaque être humain est unique, et qu'on accepte de l'explorer comme on le ferait d'une nouvelle contrée.

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