lundi 15 février 2016

Rêves



Dans les suppléments des journaux du samedi ou du dimanche, on trouve souvent une série de questions adressées à une personne en vue. Par respect pour le politiquement correct, et pour faire plaisir aux auteures et aux professeures, je suppose que si cette personne est un homme, on devrait dire : un person…
Dans le supplément de samedi dernier du Daily Mail, le person en question (dont le téléphon son) était William Shatner. Il parlait à une psychologue : Lina Das. Je dois dire que l’ensemble était au-dessus de la moyenne. Elle ne lui a pas demandé : « Quelle est votre couleur préférée ? » par exemple.
Par contre, elle a voulu savoir ce que William aurait souhaité voir arriver ou se réaliser dans sa vie, mais ne s’est pas produit. Réponse : rien. La richesse et la célébrité aplanissent les difficultés. Il a voulu traverser les États-Unis à moto ? Il l’a fait, tout simplement.
Qu’aurais-je répondu à sa place ? Sans réfléchir, ce qui s’impose à moi immédiatement et par pur instinct, c’est une ancienne ferme en pleine campagne. J’aurais pu y écouter de la musique classique sur un ensemble (Bang & Olufsen, par exemple) du plus haut de gamme sans risquer de gêner les voisins. J’aurais eu un berger alsacien, comme celui qui avait enchanté ma petite enfance chez mon oncle. J’aurais eu des poules aussi, pratiquement en liberté. Comme je n’ai pas la main verte, j’aurais fait venir un jardinier pour le potager, le verger et les pelouses.
Surtout, j’aurais pu y goûter le silence de la campagne ; silence tout relatif, d’ailleurs ; mais le vent dans les feuilles, la pluie, le tonnerre, le chant des oiseaux, y compris les rauques trompettes d’un coq à cinq heures du matin ou les lointains aboiements d’un chien, tout cela ne fait que renforcer le silence et lui donner de la consistance.
Je ne perds pas le sommeil à moudre des regrets. Ce ne sont pas des regrets, d’ailleurs : seulement des rêves ; mais j’ai répondu à la question.

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