dimanche 21 février 2016

Infinité



Qu’y a-t-il derrière la colline ? Une autre colline. Et derrière cette autre ? Encore une autre. C’est ainsi qu’a dû se former le concept d’infinité chez nos ancêtres. Nos quêtes intellectuelles n’ont pas cessé. Qu’y avait-il avant l’explosion initiale de l’univers ? Qu’y a-t-il au-delà de l’univers tel que nous le percevons ?
C’est ce concept d’infinité qui nous différencie le plus des autres êtres vivants et des intelligences artificielles. Ce concept, aiguillon constant des découvertes scientifiques, mène à de grandes ivresses mais aussi à de grandes frustrations. En effet, dans la vie de tous les jours, il mène à l’insatisfaction. On a un vélo ? On veut une moto. On a une moto ? On veut une voiture. On a une petite voiture ? On en veut une grosse. Le phénomène se reproduit pour le logement, l’habillement, l’équipement de la maison, etc. Résultat ? On pense toujours qu’il nous manque quelque chose pour être heureux.
Comment expliquer autrement l’acharnement des milliardaires à vouloir gagner toujours plus d’argent, un argent qui ne saurait en rien changer la façon dont ils vivent ?
Alors, pour arrêter cette folle course en avant, certains ont entrepris de meubler l’infini : ils ont inventé Dieu. Lui seul est infini. Rien d’autre ne l’est. Ouf ! Quel soulagement !
Pour bien planter le clou, on a essayé de limiter tout ce qui n’était pas Dieu. La terre était au centre de l’univers. En fait, l’homme lui-même était au centre de l’univers. En créant cette dichotomie : Dieu d’un côté, l’univers de l’autre, on rassurait les esprits. Et si vous n’étiez pas d’accord, vous finissiez sur le bûcher. Comment oser remettre en question ce que les Tartuffes appelaient « le ciel » ?
Lorsque cette vision des choses a enfin volé en éclats, Nietzsche c’est écrié : “Dieu est mort”, expression que les fanatiques religieux ont immédiatement qualifiée de blasphème. “Quel orgueil !” se sont-ils exclamé. Mais les orgueilleux, ce sont eux car n’est-il pas plus humble de constater que nous ne savons rien plutôt que d’inventer des certitudes puis de les imposer aux autres ? Nous ne saurons jamais ce qu’il y a derrière la colline, l’univers, le temps… C’est dur mais il faut l’accepter, et il y a à  la fois de l’humilité et de la noblesse dans cette acceptation.

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