mardi 23 février 2016

Quelle Angleterre ?



Pour George Orwell, pour Edward Elgar, pour John Betjeman, pour Benjamin Britten et bien d’autres, l’Angleterre est d'abord un rêve.
On s'empresse d'oublier les problèmes de surpopulation, de laideur, de violence et de snobisme. On oublie les hooligans, les soûleries du samedi soir et les bagarres à la sortie des pubs. On oublie l’abandon des vétérans de la première guerre mondiale ou encore, à la même époque, les promesses non tenues envers les Irlandais.
Alors, quelle est cette Angleterre mythique accrochée à l’imaginaire de tant d’écrivains et compositeurs ? Accrochée aussi à l’imaginaire de beaucoup d’Anglais de souche puis, par contagion, de beaucoup d’immigrants ?
C’est l’Angleterre de Midsomer Murders, Lewis et Agatha Christie (mais sans les meurtres). C’est celle des chaumières bordées de roses trémières, celle des sous-bois où d’immenses tapis de jacinthes bleues ondulent dans une lumière filtrée. Ce sont les clochers carrés à quatre pointes, les carillons, les rencontres de cricket où des uniformes blancs se déplacent épisodiquement sur la douce verdure d’une soirée de juin ; ce sont les pelouses impeccables et les vieilles dames dévouées aux bonnes œuvres.
L’Angleterre, c’est aussi le royaume de la loyauté. Loyauté envers les alliés : Pologne, France, Etats-Unis. Loyauté de l’individu envers son pays. Malgré les efforts incessants des services de contre-espionnage, et malgré l’existence d’un mouvement de sympathisants hitlériens dans les années trente, pas un seul traître ne fut démasqué pendant la seconde guerre mondiale sur le territoire britannique. Si, un seul : Lord Haw Haw, mais il s'était exilé. Cela explique en partie pourquoi, quelques années plus tard, la trahison de Kim Philby, Guy Burgess, Donald Maclean and Anthony Blunt en faveur de l’Union Soviétique n’en fut que plus durement ressentie.
Dans quel pays aimeriez-vous être s’il n’y avait plus d’électricité ou d’eau potable, par exemple ? La façon dont les Anglais ont géré les privations et vicissitudes de la seconde guerre mondiale reste un exemple historique de discipline, d’organisation et d’humble courage. Mon choix serait vite fait.
Alors ? L’Angleterre est-elle un rêve ? Oui mais c’est un rêve qui lui permet d’exister et de survivre. C’est un rêve qui engendre une réalité.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire