dimanche 22 novembre 2015

Rêve



En général, je ne crois pas aux rêves. Le cerveau travaille à vide et se balade dans toutes les directions comme des atomes agités par le mouvement brownien. Pourtant, l’autre jour, j’ai rêvé que j’étais sur un terrain vague et que mon père me lançait des pierres ainsi que font les Arabes quand ils voient un chien. Je me suis réveillé profondément troublé.
C’est vrai : je ne l’ai jamais aimé. Il était inculte, ce qu’on ne pouvait lui reprocher mais il était fier de l’être et cela, c’est impardonnable. Il était borné et têtu comme une bourrique. Il avait des qualités, bien sûr : travailleur, loyal et fiable. Il y avait chez lui des élans généreux qui faisaient bon ménage avec des accès d’égoïsme profond, comme celui de refuser de se procurer une prothèse auditive. On ne peut pas conduire une conversation intelligente quand il faut hurler. Mon père se serait senti plus à l’aise en Espagne, car même autour d’une table, les gens crient comme s’ils étaient aux deux bouts d’un champ. 
Quoi qu’il en soit, et comme c’était un homme de principes, j’avais toujours pensé qu’il m’aimait, sinon viscéralement comme la plupart des pères aiment leur fils, mais du moins par principe. Je me trompais peut-être. Mon cerveau, dans le subconscient du rêve, m’aurait-il ramené à la réalité ?

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