mercredi 25 novembre 2015

Points de vue



Un agent littéraire de ma connaissance est persuadé que le personnage de Norma dans L’École du mépris est imaginaire. Voilà qui est troublant. Encore un bon exemple de la réflexion selon laquelle le lecteur réinventerait le roman. Le succès d’un roman serait-il alors dû, en partie, à la facilité avec laquelle le lecteur est capable de le recréer ?
Déjà, il y a quelques années, une lectrice m'avait félicité d'avoir bien recréé l'atmosphère du Maroc dans la nouvelle intitulée Alpha-Zoulou qui fait maintenant partie du recueil Amours, délices et... larmes. Par curiosité, j'ai relu cette nouvelle. Certes, elle se passe au Maroc mais, à part quelques touches ici et là, elle pourrait se passer pratiquement n'importe où. Seulement voilà : cette lectrice était marocaine. A partir que quelques détails, elle avait recréé dans son âme le pays dont elle gardait la nostalgie.
A l'âge de huit ou neuf ans, cloué au lit la plupart du temps par une maladie plutôt bizarre, j'avais lu Le Général Dourakine de la comtesse de Ségur. Je suis encore sous le charme des grands espaces et des immenses forêts couvertes de neiges qui y sont évoqués ; mais je me garde bien de relire ce roman, car c'est peut-être moi qui l'ai créé en le lisant.

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