jeudi 22 octobre 2015

Tranquilisants



Lorsque je suis revenu vivre en France, j’ai appris par la télévision mais aussi par des articles dans des revues que les Français étaient les plus grands consommateurs de tranquillisants au monde. Cela m’a  étonné, comme cela étonne les milliers d’Anglais qui viennent prendre leur retraite en France chaque année. En effet, le climat est généralement agréable, et reste loin de ces extrêmes que l’on peut trouver dans d’autres régions du monde : froid, chaleur, humidité, tornades, ouragans etc… Le niveau de vie est le seizième du monde, ce qui n’est pas si mal. La couverture médicale est excellente, la nourriture exceptionnelle, la culture vivante, les paysages remarquables, les monuments historiques innombrables, et la préservation de l’environnement prise très au sérieux. Alors, pourquoi cette déprime ? Pourquoi se sent-on tellement plus libre aux Etats-Unis qu’en France ? Pourquoi retournerais-je y vivre sans hésitation si je pouvais m’offrir une assurance maladie à €400 par mois ?
         Je n’ai pas de réponse toute faite. L’étouffante chape administrative française y est certainement pour quelque chose. Le corollaire : compliquer à outrance tout ce qui est simple, a aussi son rôle à jouer. Les deux millions de fonctionnaires inutiles (deux millions de plus qu’en Allemagne) pèsent lourd sur le budget du Français moyen s’il a le malheur de n’être pas lui-même fonctionnaire. Avec une patience de termite, François Mitterand, pendant quatorze ans, s’est bien gardé d’embaucher des fonctionnaires utiles : gardiens de prison, infirmières, magistrats ou instits. Au contraire, c’est par centaines de milliers qu’il a augmenté les fonctionnaires des démarches administratives. En moyenne, là où il faut faire trois démarches administratives pour accomplir un projet quelconque en Angleterre ou aux États-Unis, il faut faire onze démarches en France. Or l’INSEE a estimé que chaque démarche, dans chaque domaine de la vie du pays représente 3000 fonctionnaires. Le pays est anesthésié ! Deux millions de fonctionnaires en trop, cela représente 4 milliards d’Euros par mois, 48 milliards par an ! Cette perte financière ne prend pas en compte le temps perdu et les milliers de petites et très petites entreprises qui, à bout de souffle, mettent la clef sous la porte ou, tout simplement, ne se créent pas, le chef d’entreprise potentiel étant découragé par la course d’obstacles que représentent les harcèlements administratifs. C’est ce que l’État appelle : encourager l’emploi !
Alors, à qui s’en prendre puisque les fonctionnaires et les employés des industries nationalisées (ainsi que leurs indécents privilèges) sont intouchables ? Le système est bien rôdé. L’obsession anti-patrons, anti-multinationales, anti-mondialisation, anti-amérique, anti-tout (c.à.d. tout ce qui ne correspond pas exactement au catéchisme socialo-communiste qui, lui, bien sûr, au nom du “politiquement correct” ne souffre aucune critique), cette obsession détruit les emplois car maintenant les horribles “patrons” ont peur d’embaucher. Elle augmente le nombre de chômeurs et de SDF et abaisse le niveau de vie. Comme cet échec de société doit à tout prix se justifier, on ré-attaque les vieux démons, toujours les mêmes (patrons, mondialisation, États-Unis etc…). Cercle vicieux. Il est tellement plus facile de détruire que de construire, tellement plus facile de blâmer les autres que de se réformer soi-même ! Cette hargne, cette justification permanente de l’exception française vis à vis du monde anglophone, cette morosité profonde, cette maladie des manifs (il y en a au moins une par jour) doit, par nécessité, encourager la déprime. D’où les tranquillisants ?

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