lundi 14 novembre 2016

Soeur Thérèse



En recherchant les programmes de télévision pour la soirée, je suis tombé sur une présentation de Sœur Thérèse point com.
Il y avait une place pour les commentaires de spectateurs, et l’un d’eux avait écrit : “L’opium du Peuple.”
À prendre connaissance d’une réaction aussi instinctive, on peut se demander:
    a) Si ce téléspectateur avait jamais regardé le programme en question.
-   b) S’il en dirait autant de Lakmé à l’opéra ou Antigone au théâtre. 
Réflexion faite, je n’imagine guère un esprit aussi primitif allant à l’opéra ou même au théâtre.
Dans Lakmé, il faut accepter les conventions et tabous de l’indouisme ; dans les pièces de Racine, la présence des dieux grecs, puis bibliques ; dans le Faust de Gounod, la mièvre bondieuserie du XIX° siècle, etc. Et on le fait sans effort, tant le côté artistique ennoblit les croyances absurdes, croyances qui ne sont, la plupart du temps, que des prétextes à l’intolérance et la cruauté. C’est d’ailleurs là que réside le côté tragique de ces productions littéraires ou musicales.
Oui, les religions sont l’opium du peuple ; et dans le cas de l’islam, ce n’est plus de l’opium, ce serait plutôt de l’amphétamine. Oui, les doctrines laïques comme le national-socialisme ou le communisme les rejoignent dans l’intolérance et l’esprit de persécution. Si la création artistique devait être épurée de tout illogisme religieux ou politique, il ne resterait plus grand-chose.
La religion catholique, avec ses menaces, ses mensonges et son arrogance, m’a fait beaucoup souffrir dans mon enfance, et je n’ai pas la langue dans ma poche quand il s’agit de la combattre, tout en étant conscient de la futilité de ce combat, car si elle disparaît, elle sera remplacée par des doctrines encore plus cruelles.
Tout cela pour dire que je n’hésite pas une seconde à regarder Sœur Thérèse point com, et j’y prends beaucoup de plaisir. Le scénario est un délice, les dialogues brillants, et les caractères typés avec talent et humour. Pas un gramme de méchanceté chez les sœurs, qui méritent pleinement leur appellation de bonnes sœurs. Les acteurs, qui sont surtout des actrices, sont superbes. Sœur Thérèse (Dominique Lavanant), bien sûr, mais aussi sœur Suzanne (Maria Duccheschi) et l’extraordinaire mère supérieure (Édith Scob) qui allie si bien fermeté, compassion et curiosité de chat. Elle est restée jeune de cœur.
Chez les « civils » même chose : on y rencontre le lieutenant Gérard Bonaventure (Martin Lamotte) au charme populaire et aux réactions d’inspecteur Clouzot, l’inénarrable commandant Mazaud (Gérard Caillaud) et le jeune flic amoureux d’une bonne sœur, tous  acteurs de grand talent, à la diction claire, avec intonations naturelles et convaincantes.
Foin de l’opium du peuple : ne gâtons pas notre plaisir.

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