mercredi 2 novembre 2016

Je vous envoie de mes Nouvelles



Régine Albert : Je vous envoie de mes Nouvelles
Geste éditions

Ces nouvelles de Régine Albert ne décevront personne. Le style est rigoureux, simple (et l’on sait combien de sang, de sueur et de larmes il faut pour acquérir la simplicité dans l’expression écrite) mais également poétique et musical. J’ai détecté des crypto alexandrins qui soutiennent les descriptions comme, au piano, les notes de la main gauche soutiennent, sans en avoir l’air, la mélodie jouée par la main droite.
Du début à la fin, on trouve des détails croustillants, amusants, pittoresques ou nostalgiques, mais toujours avec le souci du mot juste. Sans tomber dans un inventaire à la Prévert, j’aimerais signaler quelques thèmes récurrents :

L’humour dans Un beau Dimanche, ainsi que dans Fête de Toussaint. “Elle a de bons restes” y lit-on d’une femme d’un certain âge, encore belle.
Les tendres incertitudes dans Maîtresse d’École.
La sagesse du Carpe Diem dans Le Bonheur et L’Amour en Cage.
L’amertume d’une enfance encadrée par des prêtres ou des « bonnes » sœurs indignes dans Collégien de Richelieu et La bonne Samaritaine.
Un défi stylistique bien maîtrisé dans La Boîte aux Lettres, nouvelle écrite à la deuxième personne du singulier.

Au-dessus de tout, il faut placer la profondeur et la richesse des relations humaines : trahisons, retours de situation dans Cité des Primevères illustrant que « réussir dans la vie » n’est pas du tout « réussir sa vie ».

Chacun y verra « sa » nouvelle préférée. La mienne ? Lettre à celui qui ne la recevra jamais. C’est un bouleversant poème en prose qui prend aux tripes et  amène les larmes aux yeux.

Sentir et ressentir les joies et les bizarreries de la vie, mais aussi le malaise, la tristesse et la tragédie de cette vie, tout le monde peut le faire ; mais traduire cela en un recueil de nouvelles exige le talent d’un grand écrivain.

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