jeudi 20 janvier 2022

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Je me sens pris entre deux feux. D'une part mon aversion pour l'église catholique est bien réelle. L'hypocrisie qui consiste à justifier les horreurs qu'elle a fait subir pendant des siècles à tous ceux et celles qui n'étaient pas d'accord avec ses directives est à la fois ignoble et inexcusable. Egalement nauséabonds sont les efforts pour minimiser ces mêmes horreurs. J'ai entendu : "C'était l'atmosphère de l'époque" ; comme si catholique ne voulait pas dire universel et par conséquent au-dessus de "l'atmosphère de l'époque". J'ai aussi entendu plus récemment : "Les tortures infligées aux hérétiques étaient des actions : elle ne modifiaient pas l'esprit du catholicisme." Comme exemple de jésuitisme, on ne fait pas mieux. On pourrait aussi s'étendre sur le traitement réservé aux soi-disant sorcières.

Cette intolérance, étouffée par une autre cruelle intolérance, celle de la révolution française, a continué de façon sous-jacente jusqu'en 1960 (en gros). Le clergé s'amusait à terroriser les enfants. La masturbation vous menait tout droit en enfer où vous teniez compagnie aux meurtriers, aux tortionnaires (mais pas à ceux de l'Inquisition semble-t-il), aux escrocs et aux dictateurs coupables de génocide. L'attitude envers les filles-mères et les homosexuels ne s'est améliorée que lentement et à contre-coeur. Cette église (les protestants ne font pas mieux) qui prêche la charité a toujours essayé, et souvent réussi, à ne pas la pratiquer.

Pris entre deux feux ? Alors quel est le deuxième ? C'est la nécessité de sauver notre patrimoine tout simplement. Les projets de restauration "à la moderne" de Notre-Dame de Paris, les refus de réparation des églises pendant que l'on construit des mosquées représentent un véritable suicide culturel. 

Cette destruction n'est pas seulement le fait d'une poignée d'hystériques : elle est aussi le résultat d'un autre suicide culturel : celui de l'église catholique elle-même. Pourquoi supprimer la messe en latin ? Pour que les fidèles comprennent ? En ce cas, pourquoi les missels pré-Vatican II étaient-ils bilingues (en général français à gauche et latin à droite ?). Les sociologues et psychologues (sauf les marxistes, évidemment) reconnaissent le besoin subconscient des foules pour un langage sacré. La répétition du langage sacré acquiert ainsi une dimension hypnotique et magique. Le latin aidait les fidèles à s'élever au-dessus des misères et frustrations de la vie quotidienne. "Introibo ad altare dei, ad deum qui laetificat juventutem meam..." C'est de la pure poésie, cela ne fait de mal à personne et c'est certainement préférable à une chasse aux sorcières. 


 

 

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