mardi 30 juillet 2019

Survivance du patrimoine ?


“Moi, l’art français, je ne l’ai jamais vu.” Phrase maintenant célèbre, prononcée par le célèbre aveugle qui préside à nos destinées. Merci aux millions de ces autres aveugles qui l’ont élu.

N’ayant jamais vu les cathédrales, les forteresses médiévales, les châteaux de la Loire, les Riches Heures du Duc de Berry, les jardins de Lenôtre, la galerie des glaces, les pièces de Racine, les peintres impressionnistes ou les opéras de Gounod, il ne faut pas trop s’étonner qu’il n’ait jamais vu non plus les petites choses, les rites discrets et les humbles coutumes qui ont tissé les mailles de cette extraordinaire civilisation qu’on appelle la France, une civilisation qu’il déteste. Entrez, mes amis, dit-il aux ennemis de la France, venez par centaines de milliers, et comme des gamins qui, par jeu et par ignorance, casseraient du Sèvres ou du Baccarat, amusez-vous bien à tout incendier, briser et avilir. Ce sera tellement drôle ! Je m’en tiendrai les côtes !

Une petite chose ? Un rite discret ? Une humble coutume ? Un exemple (entre mille) ? La tradition du petit canard. On se sert un verre de calvados, puis on met un morceau de sucre dans une cuiller, et on la fait descendre dans le calva, mais on n’y laisse pas le sucre trop longtemps : il doit garder sa forme parallélépipédique. Ensuite, on le croque. Chaque région de France, chaque campagne de France, chaque village possède ainsi sa touche de magie, qu’elle soit culinaire, sentimentale, florale, potagère, architecturale, musicale... Va-t-on rapidement vers l’époque où tout ce qui faisait le charme de la vie quotidienne en France ne sera plus disponible que dans les livres d’Histoire ? 

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