dimanche 15 janvier 2017

Liberté d'entreprendre



Comment expliquer le phénomène de société que fut la révolution industrielle des XVIII° et XIX° siècles, et pourquoi est-elle née en Angleterre plutôt qu’au Danemark, en Ouganda ou au Mexique ? Et surtout, pourquoi pas, en France qui, avec tous les pays occidentaux a certes connu aussi cette révolution, mais avec cinquante ans de retard ?
Dans toute situation complexe, il ne faut pas chercher une seule raison, mais un ensemble de raisons qui, à un moment donné, affectent une partie de la planète ; ce qui signifie que la première de ces raisons, c’est le hasard.
Le hasard a fait que l’Angleterre soit positionnée sur d’énormes réserves de charbon. C’est également le hasard si les problèmes rencontrés pour hisser ce charbon vers la surface a poussé les inventeurs et ingénieurs de l’époque à construire les premières machines à vapeur efficaces.
Une autre grande raison, c’est la mentalité. Quand les propriétaires de mines ont voulu mettre en place des systèmes d’extraction révolutionnaires, ils l’ont fait sans rien demander à qui que ce soit. Quand ils ont voulu multiplier par dix le réseau de canaux, ils n’ont pas rencontré de problèmes majeurs. Quand ils ont créé de toutes pièces des milliers de kilomètres de chemins de fers, cela s’est fait en un temps record.
Pendant ce temps, la France avait créé l’Institut des Sciences, calqué peu ou prou sur le modèle de l’Académie Française. Jusque-là, rien à dire. Malheureusement, les grandes innovations industrielles devaient obtenir l’aval de cet institut avant d’avoir le droit de se développer. Même chose pour les routes, les canaux et les chemins de fer. L’étouffement systématique de l’économie par la bureaucratie n’est pas, hélas, un phénomène récent. C’est un état d’esprit auquel les syndicats se sont ralliés avec enthousiasme, et dont nous pâtissons tous les jours.
On fait remarquer avec raison que cette liberté d’entreprendre en Angleterre a conduit à un véritable esclavage des ouvriers avec son aspect le plus révoltant : l’exploitation des enfants.
Oui, chers Africains, nous savons parfaitement ce que c’est que l’esclavage, car avant, pendant et après la traite des noirs, nous l’avons imposé à des millions de nos propres citoyens comme, d’ailleurs, vous l’imposiez aux vôtres depuis des siècles.
Si la bureaucratie française nous avait épargné de telles horreurs, nous pourrions en être fiers, mais il n’en est rien. Il suffit de lire Zola pour voir que nous avons connu à la fois la camisole de force administrative, l’esclavage des prolétaires et la pauvreté généralisée.
L’un des aspects les plus tristes de cette situation, c’est que, parallèlement aux Faraday, Watt, Joule et Darwin, nous avions aussi en France de très grands esprits scientifiques : Lavoisier, Lamark, Laënec, Laplace (il semblerait que posséder un nom commençant par « la » soit un avantage) mais aussi Cuvier, Buffon et bien d’autres. Ils furent peu, ou pas assez écoutés. (Encore heureux si on ne leur coupait pas la tête).
Et de nos jours ? Demandez aux jeunes Français qui se sont établis en Angleterre pour y fonder une petite ou très petite entreprise, ce qu’ils pensent de leur situation. La réponse est presque toujours la même : « Mon niveau de vie n’est pas plus élevé qu’en France ».
« Alors, pourquoi restez-vous ? »
« Je me sens tellement plus libre ! » En France, en effet, on a l’impression qu’il va bientôt falloir remplir un formulaire en trois exemplaires, avec autorisation du préfet, pour aller aux chiottes.
Ne nous étonnons pas si les Britanniques ont choisi le Brexit. L’Europe les conduisait tout droit à l’étouffoir.

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