mercredi 22 juin 2016

Perfection



Dans un récent article sur le mariage pour tous, je mentionnais que la condamnation des couples homosexuels par les catholiques et les musulmans venait du fait que cette situation s’éloigne de la norme. La norme devient synonyme de perfection, et tout ce qui s’éloigne de la perfection est condamnable. Étant donné que rien n’est parfait, tout est condamnable.
L’imperfection, que l’on pourrait aussi appeler la différence, devient un reproche, mais aussi un défi vis-à-vis de la norme. Dans le domaine religieux, cela s’appelle une hérésie, et doit, pensent certains, être combattu par tous les moyens. À Rome, les chrétiens se démarquaient du polythéisme en vigueur. Ils furent persécutés.
Puis, quand les catholiques eurent pris le dessus, ils se retournèrent contre les Cathares et protestants de tous poils ; contre les Juifs aussi. En Angleterre, quand les protestants eurent « gagné », ils persécutèrent les catholiques. De nos jours encore, dans les coins reculés des Appalaches, ou au cœur de la « Bible Belt », c’est-à-dire cette région qui ceinture le cœur des États-Unis, les irréductibles baptistes ou presbytériens considèrent que les catholiques ne sont pas des chrétiens (on ne rit pas, svp !).
Dans le monde musulman, Sunnites et Chiites s’étripent gaillardement pour des querelles de queues de cerise, ou si vous aimez mélanger les métaphores, pour des cheveux coupés en quatre.
Naturellement, je parle de différences qui ne font de mal à personne. Par contre, lorsqu’une minorité politique ou religieuse veut, par la violence, imposer des lois cruelles et ses tabous à la majorité de la population, comme c’est le cas aujourd’hui en France, la majorité est en droit de se défendre. Elle en a même le devoir.

L’une des phrases favorites de mon prof de math était “Supposons le problème résolu”. Autrement dit, reprenons les choses à l’envers.

« Nous » (en tous cas nos ancêtres) avons persécuté les Cathares. Était-ce vraiment parce qu’ils croyaient que le diable était aussi puissant que Dieu ?
Nous avons aussi persuadé Louis XIV de révoquer l’édit de Nantes, amorçant par là, dans le domaine de l’économie nationale, une descente aux enfers qui devait inéluctablement se terminer par une révolution. Les jésuites ont persuadé ce même Louis XIV de bannir les jansénistes, et de faire raser Port Royal. Était-ce vraiment parce qu’ils n’étaient pas d’accord sur la notion de « grâce » ? Ensuite le pape a convaincu Louis XIV (encore lui) de bannir les jésuites. Tout puissant et autoritaire qu’il fût, le Roi Soleil se laissait facilement manipuler.
En fait, et suivant en cela les conseils de mon vieux prof de maths, nous regardons par le mauvais bout de la lorgnette. Reprenons le problème à l’envers.
Ce n’est pas à cause de différences d’opinion que nous nous persécutons mutuellement : c’est parce que nous mourons d’envie de persécuter quelqu’un. Il nous faut alors rechercher puis dénicher certaines différences d’opinions chez les autres. Si le pouvoir en place prend parti dans un sens ou dans l’autre, cela donne carte blanche aux mensonges de la presse et aux conflits de société… à la limite, aux persécutions.  

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