dimanche 24 septembre 2017

Humour



Au moyen-âge, l’humour consistait essentiellement à se moquer de quelqu’un. L’évêque, par exemple, apparaissait sur un bas-relief représentant l’enfer. Il tenait compagnie à d’autres damnés dans un grand chaudron que des diablotins faisaient bouillir.
Il y a aussi l’histoire de ce curé qui avait une telle confiance en son cheval qu’il pouvait se mettre debout sur la selle afin d’atteindre des mûres. Baissant les yeux, il contemple alors un enchevêtrement de ronces, orties et chardons. “Mon Dieu !” dit-il tout haut “Quand je pense à ce qui m’arriverait si je disais HUE !”
Au XVII° siècle, avec Molière, on vise moins les individus que les catégories sociales : les avares, les hypocondriaques, les arrivistes, les dévots… mais comme ces gens-là ne portent guère à rire, car leur égoïsme et leur aveuglement font souffrir leur entourage, ce sont les situations qui deviennent drôles. Le quiproquo devient un outil indispensable, ainsi que les déguisements, les erreurs d’identité et d’intention. Que l’on songe à la fameuse scène entre Valère et Harpagon où ce dernier s’exclame : “Les beaux yeux de ma cassette ?” ou encore celle de la tentative de séduction d’Elmire par Tartuffe pendant qu’Orgon est caché sous la table.
Le processus s’accélère au XIX° siècle avec le vaudeville et la pièce que je considère comme le chef-d’œuvre du genre : La Dame de chez Maxim’s. Amants cachés dans les placards, portes qui claquent et quiproquos se suivent à une cadence endiablée. Vers la fin, Mme Petypon, la seule personne normale de la famille, entre au salon pour être accueillie par le cri : « Tiens, la folle ! »
De nos jours, mis à part les caricatures et autres dessins humoristiques, l’attaque personnelle reste rare dans les films et les séries télévisées. L’humour anglais est passé par là : un humour (le mot est à la fois anglais et intraduisible) de sourires plutôt que de rires gras ; un humour souvent joué en coulisses, comme la scène de l’ours dans La Ruée vers l’Or de Charlie Chaplin, ou encore, dans Traffic de Jacques Tati, la démonstration par un vendeur, du coffre de la 404 qui se rabat violemment. Pas de problème, mais une demi-heure plus tard, on revoit le vendeur avec un bandeau au doigt. On est loin des Bronzés !
Le pli est pris, et je pense que c’est une bonne chose. Un exemple entre bien d’autres : dans NCIS, DiNozzo se fait mal au doigt avec une écharde. Gibbs propose de la lui extraire avec un gros couteau. DiNozzo décline poliment. Un peu plus tard, DiNozzo se refait mal au doigt avec une autre écharde qui est, en fait, une pièce à conviction. On passe à autre chose, mais un peu plus tard on revoit DiNozzo visage décomposé, avec un énorme pansement. 

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