samedi 26 août 2017

Nouveauté



Qu’est-ce que la nouveauté en art ? Art, c’est-à-dire tous les arts : peinture, certes, mais aussi sculpture, littérature, architecture et musique. Comment trouve-t-on la nouveauté ? Doit-on la rechercher ?
“Les autres cherchent” disait Picasso. Et il ajoutait avec modestie : “Moi, je trouve.” Il n’avait pas tort. La véritable nouveauté, c’est le fruit combiné du hasard, du talent et de l’instinct. En art, ceux qui cherchent étalent leur médiocrité avant de se couvrir de ridicule. L’obsession de modernité les pousse à vouloir expliquer leurs œuvres. C’est particulièrement évident dans le domaine des arts plastiques. Au MOMA, un visiteur s’attarde, rêveur, devant deux ou trois mètres carrés de taches de peinture. Un gardien du musée s’approche et lui glisse à l’oreille : “Pollock.” Le visiteur réplique : “Ça, tu peux le dire !”
L’acceptation enthousiaste de l’art moderne a une origine bien précise : le rejet de l’impressionnisme par les critiques et le public, à la fin du XIX° siècle. On a tellement peur de se tromper à nouveau que l’on accepte toutes sortes de « trouvailles » prétentieuses.
En musique, on voudrait nous faire admirer des concertos pour charnières rouillées et félins en chaleur. Longtemps, j’ai cru que je souffrais de préjugés indécrottables envers la musique classique contemporaine. Je m’y étais résigné. Puis, il y a une vingtaine d’années, j’ai découvert les quatuors à cordes de Henryk Górecki. Plus moderne que lui, tu meurs. Pourtant (mais pourquoi devrais-je dire « pourtant » ?) ils sont d’une beauté à couper le souffle. Et, en parlant de souffle, ils possèdent justement le souffle de l’émotion et de l’inspiration. La valeur d’une œuvre n’a rien à voir avec son époque. Boulez cherche sans jamais trouver ; Gorecki trouve sans avoir jamais cherché. Une certaine renaissance de la musique traditionnelle est d’ailleurs en cours avec des compositeurs de musique de film.
On pourrait facilement établir des parallèles en littérature et en architecture. Pour un écrivain, la véritable originalité ne consiste pas à torturer le langage, à le « moderniser » ou à le larder d’anglicismes ; elle consiste à faire naître des émotions inattendues chez le lecteur.
Picasso avait raison : il y a ceux qui cherchent et ceux qui trouvent.

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