vendredi 29 septembre 2023

 

Note de lecture :
 
LE NOM DE LA ROSE d’Umberto Eco. 
 
Un livre difficile. Il faut s’accrocher. J’imagine facilement que si un auteur inconnu présentait un manuscrit de ce genre à des éditeurs, il n’arriverait jamais à se faire publier tant il faut, de nos jours, se glisser dans une catégorie bien définie : policier, roman sentimental, espionnage, érotisme etc. Il faut aussi que votre roman ressemble à celui d’un autre auteur qui, lui, se vend bien. Les éditeurs, qui disent tous rechercher des « voix nouvelles » ont, en fait, horreur de la nouveauté et de l’originalité. Alors, ils se rabattent sur une originalité superficielle qui consiste à torturer le style, à obscurcir la compréhension de l’intrigue ou à se gratter le nombril pendant 300 pages. 
 
Si l’on s’accroche, Le Nom de la Rose vous entraîne dans un monde à la fois révolu et fantastique, bien plus fantastique et bien plus fascinant que les histoires de science-fiction ou de ces créatures imaginaires volant de château à château dans quelque variation fantaisiste d’armure médiévale, créatures douées, naturellement, de pouvoirs magiques. 
 
Un monde révolu, certes, mais dont les caractéristiques perdurent dans les âmes des extrémistes religieux ou politiques (même chose, dans les deux cas : même intolérance, même cruauté, mêmes horreurs). Les coupeurs de cheveux en quatre, les tyrans du politiquement correct, les hypocrites et les pervers sont et seront toujours parmi nous. Leurs méthodes et leurs cibles ont changé de nom mais pas de nature. Le monde révolu que nous décrit Umberto Eco est donc, paradoxalement, à la fois éternel et universel. C’est d'illeurs à cette universalité que l’on reconnaît les chefs-d’œuvre. 
 
On pardonne alors aux longueurs. Il y en a. Il faut le dire. Umberto insiste lourdement pour nous prouver qu’il connaît parfaitement toutes les tendances politiques et religieuses de l’époque, y compris les plus obscures et les plus éphémères. Mais on lui pardonne… vraiment.

mardi 5 septembre 2023

Le panier

 

J'ai toujours entendu dire qu'il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Je ne suis plus d'accord, et il y a longtemps que j'aurais dû changer d'avis. Je pense maintenant que si l'on veut faire du bon travail il faut, au contraire, et au risque de tout perdre, favoriser cet aspect de notre nature qui tranche sur les autres.
Les champions olympiques nous donnent l'exemple. On les voit mal dispersant leurs efforts. Mettre tous ses œufs dans le même panier, c'est la possibilité (ou même la probabilité) de l'échec, mais les mettre dans plusieurs paniers c'en est la certitude. Quelle est l'attitude la plus noble à nos propres yeux ?

vendredi 1 septembre 2023

 

Notre corps est un agencement compliqué mais éminemment éphémère, un peu comme ces petits tourbillons de poussière qui se forment parfois sur les chemins de terre, se déplacent de quelques mètres puis s’effondrent. La poussière existait avant eux, elle existe encore après eux. Ils sont éternels dans leur substance mais éphémères dans leur forme.

samedi 19 août 2023

Blue Bird of Happiness

 

Blue Bird of happiness



The bluebird of happiness is a symbol adopted by many Amerindian tribes, although they like the term “nation”instead of tribe. It is to this day the bird of Arizona.



To me, the bluebird of happiness symbolizes the discovery of the Deep South.



Before going to Arkansas, I had spent 10 years in other parts of the States, first in Pennsylvania, then In New York. I had enjoyed places like Black Waterfalls State Park, the Taconic Parkway, and drives through New England (especially in Autumn) with fond memories of climbing Mount Washington, roaming through Acadia National Park and admiring Niagara Falls. 



I neither loved nor hated the States. It was nice but Bigger cars and fridges do not go very far in improving the quality of life. On the downside, and as anywhere in that coutry, the feeling that a major surgical operation could wipe out your life savings within 24 h does not help. Medical insurance companies will not cover everything and will try their worst in page after page of small print in order to avoid honoring your claims. The average American does not obsess about it, but this menace is lodged in the back of his mind like a looming black cloud. It would be interesting to find out through an independent sociological survey if this silent fear is (or is not) instrumental in creating the level of pitiless social climbing that is prevalent in a significant part of the American population.



Arkansas was a revelation : that of another America. Yes, doctors, lawyers, dentists, insurance companies, Big Pharma and undertakers revel, as they do elsewhere, in exsanguinating low and middle-income families, but the attitude of the population is usually more relaxed, more fatalistic and more tolerant. A university professor gave me a glass-blown bluebird of happiness as a welcome gift. There is no doubt in my mind that people in the Deep South are, on the whole, happier than those in the greater North-East. 



The countryside was another revelation. Away from agricultural areas, the landscape is one of hills, small mountains and extinct volcanoes. In mesozoic times, these used to be real mountains and real volcanoes. They are covered with forests or wild vegetation and bear an uncanny similarity with France’s central highlands, which is not surprising since they were formed and eroded at the same time.



If the countryside was a revelation by itself, its wildlife was an even more powerful discovery. Birds, insects and mammals are all over the place. The countryside bristles with moles, rabbits, snakes and birds. Deer are a common sight. Butterflies are everywhere, along with bees, bumble bees, grasshoppers and spiders. There are many other forms of wildlife that one does not readily observe :  wild boar and black bears, but also wolves who are very shy and avoid human contact. Bears are omnivorous, yet are more interested in bars of cereal and chocolate that you may carry on your person than in yourself as a potential snack. Ramblers and trekkers will clip a small aluminum saucepan to their belts. You hit the saucepan with a stick, and the bear runs off. They hate that sort of noise. I would not be terribly keen to try this out for myself, but the fact remains that only one person a year is killed by a bear nationwide. 



When I first became aware of this extraordinary wealth of wildlife, I was struck by the thought that France must have been just like that until roughly the middle of the nineteenth century. The countryside that Jean de La Fontaine loved so much and the animals he was so keen to observe must have been almost the same as those in contemporary Arkansas. Suddenly, I was yanked two or three hundred years back in time and felt that I could understand a little better the world of La Fontaine, Buffon or Jacques Audubon. The bluebird of happiness remains a symbol of this revelation. 






 



samedi 29 juillet 2023

 

Je croyais que ce genre de chose était fini, bien fini mais non : ça recommence. Je viens encore de rencontrer quelqu’un qui justifie les horreurs perpétrées dans l'Histoire par les églises, aussi bien catholiques que Protestantes en disant que c'était « la mentalité de l’époque ».

Le Christ, c'est à dire la clef de voûte du christianisme n’a-t-il pas dit « Aimez vos ennemis » ? lui citai-je. « Son enseignement était-il réservé aux contemporains de Tibère ? »

Réponse : « Les hérétiques n’étaient pas des ennemis mais des âmes à racheter ».

À partir de ce moment-là, excusons tous les massacres et toutes les tortures ; la Shoa n’est plus qu’un « accident de l’Histoire » comme disait Le Pen. Après tout, c'était « la mentalité de l'époque » en Allemagne. Au nom de la « nécessité historique », et de la mentalité de l'époque excusons aussi les tortures et les exécutions des dizaines de millions de victimes dont le seul tort résidait dans le fait de n’être pas communiste.

vendredi 8 juillet 2022

 BACK AND FORTH

A long time ago, during the last century in fact, I used to listen to BBC Radio 3 as the only classical music station in a country of 70 million people. (Other countries are not doing much better).

Then came Classic FM, and it was like a breath of fresh air. The two stations were not in direct competition. Radio 3 would broadcast full-length compositions, whereas Classic FM introduced their listeners to the vast world of composers by playing short passages. Up to you, after that, to download the complete work or buy the CD.

I therefore found myself listening almost exclusively to Classic FM. To make matters worse, Radio 3 often seemed to favour shunting train symphonies or concertos for rusty hinges.

Then Classic FM changed : more and more commercials, more and more insipid choice of music and a detestable habit of mumbling the names of composers at full speed. If a name is not instantly familiar, you don't get a chance to catch it.

So, back to BBC Radio 3, if not all the time, at least some of the time.

mercredi 6 juillet 2022

 

FIERTE

Je suis fier d'être... On peut choisir : danois, ougandais, néerlandais... Ou encore : ton fils, ton ami, ton époux... ou bien : artisan, tailleur, ingénieur...

Mon arrière-grand-mère a remis les pendules à l'heure le jour où, comme un perroquet, je lui ai dit que j'étais fier d'être français.

« Qu'as-tu fait pour en être fier ? » m'a-t-elle demandé. Elle n'attendit pas la réponse car il n'y en avait pas.

Elle enfonça le clou : « As-tu décroché un doctorat ? As-tu remporté le Vendée-Globe ? As-tu découvert un nouvel antibiotique ? »

Elle s'adoucit et continua : « On dit Je suis fier alors qu'on devrait dire J'ai de la chance. Tu as la chance d'être né dans un pays pétri de culture littéraire, artistique, architecturale et scientifique, mais tu n'y es pour rien. Tu as la chance d'avoir des parents qui t'offrent un niveau de vie correct et la possibilité de faire des études, mais tu ne les a pas choisis . La chance d'être dans un pays démocratique, mais tu n'as rien fait pour cela. Ce n'est qu'en devenant digne de toutes ces chances que tu pourras dire un jour : « Je suis fier d'avoir honoré mon héritage culturel en accomplissant ceci ou cela. »