« Hypocrite
lecteur, mon semblable, mon frère » disait Baudelaire. Mon oncle Éliacin,
tout prêtre qu’il était, disait qu’il n’y avait pas une seule horreur humaine
dont on ne soit inconsciemment le dépositaire. Il pensait à ceux qui mangent de
la merde ou couchent avec des cadavres, mais il pensait aussi aux effrayantes
tortures que certains sont capables d’infliger à leurs frères humains, que ce
soit par appât du gain ou pour des raisons d’idéologie politique ou religieuse.
Je
suis l’autre et l’humanité est ma ruche. C’est ce qui nous donne l’acceptation
irréfléchie de sauter devant un camion, et de nous faire écraser pour sauver un
enfant.
A l'autre bout du spectre, se retourner contre les autres pour les torturer, c’est se retourner
contre sa propre ruche. C’est le plus grand, le plus impardonnable des crimes.
L’émotion
que nous ressentons en visitant un camp de concentration Nazi ou communiste n’est pas un
sentiment de haine envers les Allemands ou les Russes, mais un sentiment de honte envers
nous-mêmes car ces Nazis et ces communistes étaient comme nous, au départ. Ils étaient nous et nous sommes eux. C’est nous qui, en tant qu'espèce biologique, avons
concocté toutes ces horreurs. C’est nous qui, dans le monde entier, torturons,
exécutons, émasculons, excisons et lapidons en ce moment même.
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