Don
Marquis : « Attendre qu’un recueil de poèmes soit publié, c’est
lancer un pétale de rose dans le Grand Canyon et attendre l’écho de
l’impact. »
Nous
assistons à deux phénomènes, à la fois parallèles et opposés.
D’une
part, on découvre de plus en plus de gens qui ont du talent. J’en devins
conscient en allant voir Send me no flowers et The gazebo joués par une troupe d’amateurs qui se
décrivaient eux-mêmes comme « le petit théâtre » à Guelph. Depuis,
j’ai revu The Gazebo. Dans cette version filmée, le personnage principal
était joué par rien moins que Louis de Funès. C’était douloureusement nul. On
avait honte pour lui.
J’ai
vu Oliver joué par des lycéens. Je n’ai pas
encore vu le film de Roman Polanski mais les lycéens étaient meilleurs que les
acteurs de toutes les autres versions filmées que j’ai pu voir.
Je
suis allé voir Who’s afraid of Virginia Wolf
joué par des étudiants en art dramatique de Duquesne University. Après cela, la
version Richard Burton/Elizabeth Taylor devient vite insoutenable de médiocrité et de
cabotinage.
Bien
sûr, ce n’est pas toujours le cas. J’ai quitté la salle au milieu de USA de Dos Pasos, et de Midsummer
Night’s Dream joués par des amateurs mais il n’en reste pas moins qu’il
y a énormément de personnes pleines de talent dispersées dans le monde
« ordinaire ».
Si
ce que l’on peut dire des acteurs et metteurs en scène s’applique également aux
écrivains, alors il faut admettre qu’il n’y a jamais eu autant de poètes et de
romanciers de talent.
Deuxième
volet, contradictoire celui-là : on n’a jamais publié autant de nullités.
Les éditeurs sont les premiers coupables. Ils pensent qu’ils ont de bonnes
antennes lorsqu’il s’agit de découvrir un auteur qui se vendra mais, de leur
propre admission, ils se trompent en moyenne trois fois sur quatre. Par contre,
ils ont de fort mauvaises antennes lorsqu’il s’agit de dépister le talent. Ils
se rabattent sur des formules. Les éditeurs anglophones sont les pires en ce
domaine. Ils font une crise d’urticaire s’ils repèrent un point-virgule dans un
manuscrit. Ce n’est là qu’un exemple parmi des dizaines d’autres. On en arrive
rapidement au roman-formule, au roman-recette écrit par un robot. Ce sont les
poulets aux hormones de l’édition. À quand le retour de la bonne bouffe ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire