Banalité : La vie est fragile. Quand je vois un cadavre
(et je pense à ceux de ma Tante et de JC) j’ai l’impression d’être devant une
machine qui a simplement cessé de fonctionner. Je pense à une voiture. Il faut
changer les essuie-glaces : petits ennuis. La batterie est à plat. Il en
faut une nouvelle. La courroie de distribution aussi a besoin d’être changée.
Puis un rebord de caoutchouc se détache autour d’une portière. Le tuyau
d’échappement brinquebale. Le joint de direction commence à fuir. Bientôt, les
circuits électriques du tableau de bord se mettent à donner des indications
fantaisistes. La portière de gauche développe un « rossignol ». C’est
la vieillesse. Et puis, un jour, c’est la panne, la vraie, celle qui immobilise
la voiture, en général sur une route déserte, en pleine nuit et sous une pluie
battante.
Le corps que nous habitons est si compliqué !
Tellement de choses peuvent tomber en panne ! Chaque instant de vie
devient ainsi un instant privilégié.
Cette fragilité que nous admettons pour nous-même, nous
commençons à peine à concevoir qu’elle puisse s’étendre à l’espèce humaine
toute entière, puis à la planète, au système solaire, à la galaxie… Nous
existons dans des ensembles incompréhensibles, immenses, éphémères et
instables. Nos mesquineries, nos intolérances, nos cruautés et nos religions
n’en paraissent que plus absurdes. Nous sommes en train de faire l’expérience
d’un accouchement intellectuel aussi douloureux que les révolutions
coperniciennes et galiléennes.
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