« J’ai
fait de bonnes affaires. J’ai doublé mes revenus. Olivier aussi. Il va remporter un
fabuleux contrat avec une multinationale. Isabelle a épousé son petit ami
Gaston, qui est un jeune homme formidable, ingénieur brillant, destiné à un futur
non moins brillant. Il y avait 250 personnes à la réception. Les jouvenceaux se
sont acheté une maison à €800 000. Ils sont partis en lune de miel à Venise où
ils sont descendus dans un hôtel cinq étoiles etc, etc. »
On
a l’impression d’entendre, en sourdine : « Et toi, pauvre schnock,
qu’est-ce que tu as fait ? »
Je
n’ai encore jamais reçu une lettre de Noël dans le genre de celle-ci : (mais je pense à un cas bien précis)
« Dur, dur, cette année ! Il a fallu faire remplacer le toit de la
maison, et pour cela, nous avons renégocié notre prêt immobilier et annulé
nos projets de vacances. Lisa n’a toujours
pas de petit ami. Ses règles sont catastrophiques. Elles durent dix jours et la
mettent complètement à plat. Le docteur vient d’apprendre à ma mère qu’elle
souffre d’un cancer à un stade très avancé. On ne lui donne pas plus de six
mois. Une erreur informatique a fait que nous avons été imposés deux fois par
le Trésor Public, et on a menacé de nous envoyer les huissiers. La voiture, qui n’est
plus sous garantie depuis un mois, commence à faire des siennes. On nous
demande €2,000 pour les réparations etc, etc.»
Ce serait un peu déprimant peut-être, mais quel vent de fraîcheur et d’honnêteté ! Il y a certes de bons moments dans la vie, des succès, des surprises magnifiques, mais aussi, sans conteste, une succession de "tuiles".
Je
ne répondrai ni à la carte de Noël d'Henriette, ni à sa lettre ; non par
« vengeance » mais par écœurement, tout simplement. En fin de compte, Henriette récolte sa propre récompense. Je la laisse jouir de ses fantasmes de
supériorité. « Là où est ton trésor, là aussi est ton cœur. »
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