D’après
vous, qui est la plus belle femme du monde ? C’est une question que l’on pose
parfois, entre amis. La réaction instinctive, c’est de nommer une jeune actrice
de cinéma. Et il est vrai que seules les jolies femmes sont acceptées dans un
milieu qui regorge de candidates. Il faut ajouter la familiarisation des
visages et l’expression des émotions sur l’écran.
Plus
on voit souvent une personne, plus ses traits deviennent attachants, surtout si
l’actrice en question joue des rôles de jeunes premières ou encore de femmes
courageuses et sympathiques. Il en est de même dans la vie. En s’habituant à
une jolie femme, on la trouve de plus en plus jolie. À la limite, on en tombe
amoureux. C’est ce qui expliquerait la rareté des coups de foudre. Je suis
persuadé que si, dans une classe de Terminale, on choisissait, presque au
hasard, une jolie jeune fille, mince, au visage régulier et au grand sourire engageant
– et il y en a beaucoup – on pourrait faire d’elle, en lui donnant l’exposition
et la présentation adéquate (publicité et cinéma) une femme que certains
déclareraient comme étant la plus belle du monde.
Les
actrices ont un autre atout pour prétendre à ce titre : l’expression des
émotions liées à des actions corporelles. Quand on voit une jolie fille passer
dans la rue ou qu’on nous la présente brièvement, on a rarement l’occasion de
l’observer en train de réagir émotionnellement à telle ou telle situation,
encore moins de la regarder vaquer à ses occupations dans une maison ou sur son
lieu de travail, rire, se disputer, conduire une voiture, se maquiller, manger,
dormir etc. Le cinéma nous fait entrer dans son intimité ; intimité
artificielle, bien entendu puisque, d’un film à l’autre, elle peut être
officier de Marine, dentiste ou anarchiste en passant par avocate ou prostituée,
mais intimité tout de même. On a l’impression de la connaître. C’est une forme
de voyeurisme tout à fait honorable, d’ailleurs.
Alors,
comment répondre à la question ? Eh bien, on ne peut pas. La plus belle
femme du monde, même en prenant en compte les critères esthétiques de chacun,
c’est peut-être l’une des filles qui arrivaient à vélo quand vous étiez au lycée. C’est peut-être la nièce du garagiste à qui vous disiez un
petit bonjour de temps en temps. On ne sait pas, on ne saura jamais.
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