« Quand tout va
bien » disait André Maurois « on ne peut en faire un roman ». On
pourrait ajouter : ou un film ou une pièce de théâtre.
Le roman est-il le miroir
d’une société particulière ou de l’espèce humaine en général ?
Les deux mon Capitaine mais
je donnerais plus d’importance à la deuxième proposition qu’à la première. En
effet, ce qui fait le succès d’un roman, c’est son universalité. Pourquoi
lit-on encore « La
Princesse de Clèves » ? Notre monde n’est plus
celui du XVII° siècle et encore moins celui des cours royales et des bals
somptueux aux toilettes extravagantes. Pourtant nous vibrons avec la jeune
princesse.
On pourrait transposer l’intrigue sans rien en perdre : une
jolie étudiante tombe amoureuse d’un homme notoirement volage. Il est également
attiré par elle, mais elle lui résiste car elle sait qu’il est volage. Il promet
de se réformer. « Promesse d’ivrogne » pense-t-elle. Et elle ne le
croit pas. A-t-elle raison ? C’est au lecteur de décider.
Doit-on en conclure,
puisqu’il s’agit d’un roman français, que tous les Français sont volages, et
que « La Princesse
de Clèves » est la critique sanglante d’une société française en
pleine décadence ? La réponse « NON » est tellement évidente qu’on me
demandera pourquoi j'ai posé la question.
Si j’ai pris la peine de la
poser, c’est que je vous demanderai maintenant d’imaginer que le roman de la
belle étudiante amoureuse d’un homme volage ait été écrit par un Américain.
Ah, ha ! Alors là, ça
change tout. Je vois les journalistes « littéraires » du Monde, de
Libé ou de Télérama se précipiter, toutes griffes dehors, vers leur clavier. On
a agité devant eux un drapeau rouge et ils foncent : « Ce roman est
une critique sanglante de la société américaine dont elle dénonce l’hypocrisie
et la décadence…. » Évidemment !
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