Keith Waterhouse se décrit
lui-même comme un « écrivain paresseux ». Il raconte qu’il avait, en
rêve, « passé l’arme à gauche », comme on dit en français, ou qu’il
était « tombé de son perchoir » comme on dit en anglais. Dans la
salle d’attente de saint Pierre, il aperçoit une rangée de livres sur une
étagère. Il s’approche : son nom est imprimé sur la tranche en belles
lettres dorées. Il en ouvre un : il n’est fait que de pages blanches. Les
autres également. À ce moment entre saint Pierre qui lui dit : “Ce sont
tous les livres que tu aurais écrit si tu n’avais pas été si paresseux.”
À son réveil, Keith confie à un ami : “Si l’on m’avait
dit que je vivrais aussi longtemps, j’aurais mieux travaillé quand j’étais
jeune.”
J’ai tendance à me méfier autant de ceux qui se plaignent
d’être écrasés de travail que de ceux qui se décrivent comme des paresseux. Ils
mentent presque tous. Les premiers parce qu’ils sont vraiment paresseux et
qu’ils confondent « beaucoup de travail » avec « trop de
travail » (pour eux). Les seconds par qu’ils se comportent comme s’ils
avaient honte de leur travail. C’est de la fausse modestie.
Keith Waterhouse a publié 16 romans, un ouvrage sur le style
et un sur la grammaire. Il a également contribué à l’élaboration de scénarios
pour le cinéma et la télévision. Pas mal pour un « paresseux » !
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