Je
suis peut-être un peu bizarre (mes amis me demanderont de barrer le
« peut-être ») mais j’adore les stations balnéaires en hiver. Le
grand air froid de l’océan a balayé les odeurs de praline, barba papa, oignon
frit et guimauve. On respire « propre ». Les rues désertes, sont
bordées de sable envolé de la plage lors des tempêtes. Le vent ulule dans les
fils électriques et téléphoniques. Les boutiques jaunes et jaunâtres annonçant
gaufres et crêpes alignent de guingois leur vulgarité agressive ; les
tréteaux publicitaires s’abritent dans les embrasures des magasins. Les
enseignes pendouillent en grinçant sur la rouille de leurs charnières.
Derrière,
dans les petites rues, s’alignent les résidences secondaires aux volets
soigneusement clos.
Des
fantômes diurnes évoluent dans ce décor de théâtre. J’essaie de faire
abstraction des suant suceurs de cornets de glace ou des grosses dondons qui
bloquent le trottoir en choisissant une carte postale ou en essayant une
casquette à la visière transparente. D’autres fantômes, comme les filles en bikini,
sont plus agréables.
Nous
savons bien que tout est éphémère. Ce monde qui semble construit en
carton-pâte, cette ville abandonnée aux vents glacés de l’hiver, ce squelette
d’un monde temporairement disparu, tout dégage une poignante mélancolie. Je me
surprends à fredonner la chanson : « Sur la plage abandonnée,
coquillages et crustacés… »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire