On blâme souvent les adolescents
car ils veulent tous – ou presque – se ressembler. À Marseille, j'ai rencontré
des jeunes Français qui parlaient, non plus avec l'accent de Marseille, mais
avec l'accent arabe. Pour ne pas se compliquer la vie, ils s’étaient « intégrés ».
J'admire ce petit Anglais qui va
au collège en jupe après qu'on lui eût interdit d'y aller en short. J'admire
aussi le fait que ses camarades l'aient accepté : humour britannique,
semble-t-il.
Tout au fond de notre inconscient,
il y a la méfiance de ce qui est différent de nous. Aux époques préhistoriques,
cette méfiance assurait la survie de l’espèce, car qui ne se méfiait pas était
tué ou mangé (ou les deux). Grattez un Russe, et vous trouverez un paysan,
dit-on en Russie. Grattons n’importe lequel d’entre nous, et on retrouvera l’homme
préhistorique.
En Corée, les bébés métisses
Européens-Coréens ou Africains-Coréens sont immédiatement, et par précaution,
mis en orphelinats où, même là, leur avenir est sombre. Ce n’est guère mieux au
Japon. On a peur de la différence, ce qui se traduit trop souvent par des
accusations trop facile de racisme. Sur une cour de récré, les persécutions ne
sont pas généralement basées sur les races : elles s'adressent aux rouquins, à
ceux qui portent des lunettes, ceux qui sont trop gros, trop petits, trop
timides, ou ceux qui s'habillent différemment ou encore emploient un
vocabulaire élégant. Le persécuteur ne recherche pas une différence raciale, mais
une différence de comportement.
Cela ne s'arrête pas à la cour de
récré. À l’âge adulte, les différences d'éducation, (et, là aussi, bien sûr, de
comportement), de sexualité et d'opinions prennent le relais.
En Afrique, les différentes
ethnies ne rêvent que de s'étriper. N'allez surtout pas les accuser de racisme
! Pour être politiquement correcte il faut dire : « tensions
ethniques ». Sans cela, c'est vous que l'on accusera de racisme, car l’intolérance
est à la fois universelle et à double sens.
Alors, quand votre ado vous tanne
parce qu'il n'est pas habillé comme les autres, ne soyez pas trop dur avec lui
: il a peur d’être différent. Si on lui disait qu'il a peur, il n'en croirait
rien évidemment, car cette peur est inconsciente : elle remonte à des centaines
de milliers d'années, enterrée dans nos gènes à l'époque où même les
Australopithèques n'existaient pas encore.
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