Le premier amant de Victoria
était doux, admiratif, patient, tendre et toujours soucieux de lui donner le
plus de plaisir possible, accordant systématiquement la priorité à ses
préférences, à elle. Bref : il l’adorait.
Victoria était persuadée que tous
les hommes étaient comme lui. Elle le quitta pour un autre. Quelle ne fut pas,
alors, sa déception !
Le premier amant de Jeanne était
égoïste, irresponsable, querelleur, brutal, autoritaire et capricieux. Jeanne
se persuada aisément que tous les hommes étaient comme lui. Elle en resta
d’autant plus persuadée qu’elle était attirée par ceux qui parlent fort,
possèdent une très haute opinion d’eux-mêmes, pensent que le monde n’existe que
pour les servir, et que les règles de la morale civile ne les concernent pas. D'un amant à l'autre, elle choisissait son propre enfer.
Solange, la première amante de
Mathieu était une gentille fille sans dimension pour qui le mot
« érotisme » n’avait aucun sens. En tenant compte des différences de
personnalité et de circonstances, Estelle, la deuxième, lui ressemblait
beaucoup. La troisième également, ainsi que la quatrième. Cette quatrième,
Denise, étant tout de même plus futée que les autres, Mathieu l’épousa. C’est
alors qu’il rencontra Pascale, aussi intelligente, mais surdouée pour
l’amour dans toutes ses variations, ses tendresses, ses audaces et ses subtilités. Trop
tard ?
Que dire à ceux qui entament
l’âge adulte, si tant est qu’ils aient envie qu’on leur donne des conseils
? Attendre de rencontrer l’oiseau rare, au risque, comme le héron de La
Fontaine, de se contenter, à la longue, d’un limaçon ? S’en remettre
au hasard ? Se dire que la vie est pourrie, et qu’on n’y peut rien ?
Aux jeunes hommes (de bonne volonté, pas les autres) je dirais : méfiez-vous comme de la peste des femmes qui disent "Ah vous, les hommes, vous êtes bien tous pareils !" Dans les hommes qu'elles attirent, ces femmes refusent de voir autre chose que le désir.
On ne peut attirer l'amour que si l'on considère à quel point chaque être humain est unique, et qu'on accepte de l'explorer comme on le ferait d'une nouvelle contrée.
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