Dans les suppléments des journaux du samedi ou du dimanche,
on trouve souvent une série de questions adressées à une personne en vue. Par
respect pour le politiquement correct, et pour faire plaisir aux auteures et aux professeures, je suppose que si cette personne
est un homme, on devrait dire : un person…
Dans le supplément de samedi dernier du Daily Mail, le
person en question (dont le téléphon son) était William Shatner. Il parlait à une psychologue :
Lina Das. Je dois dire que l’ensemble était au-dessus de la moyenne. Elle ne
lui a pas demandé : « Quelle est votre couleur préférée ? »
par exemple.
Par contre, elle a voulu savoir ce que William aurait
souhaité voir arriver ou se réaliser dans sa vie, mais ne s’est pas produit. Réponse :
rien. La richesse et la célébrité aplanissent les difficultés. Il a voulu
traverser les États-Unis à moto ? Il l’a fait, tout simplement.
Qu’aurais-je répondu à sa place ? Sans réfléchir, ce
qui s’impose à moi immédiatement et par pur instinct, c’est une ancienne ferme en
pleine campagne. J’aurais pu y écouter de la musique classique sur un ensemble
(Bang & Olufsen, par exemple) du plus haut de gamme sans risquer de gêner les voisins. J’aurais
eu un berger alsacien, comme celui qui avait enchanté ma petite enfance chez
mon oncle. J’aurais eu des poules aussi, pratiquement en liberté. Comme je n’ai
pas la main verte, j’aurais fait venir un jardinier pour le potager, le verger
et les pelouses.
Surtout, j’aurais pu y goûter le silence de la campagne ;
silence tout relatif, d’ailleurs ; mais le vent dans les feuilles, la
pluie, le tonnerre, le chant des oiseaux, y compris les rauques trompettes d’un
coq à cinq heures du matin ou les lointains aboiements d’un chien, tout cela ne
fait que renforcer le silence et lui donner de la consistance.
Je ne perds pas le sommeil à moudre des regrets. Ce ne sont
pas des regrets, d’ailleurs : seulement des rêves ; mais j’ai répondu
à la question.
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