Oubliant complètement les conseils de Dale Carnegie, et
afin d’augmenter la productivité et d’améliorer les résultats, on attaque les
ouvriers ou les employés de la base : ceux qui sont le moins bien payés.
En Angleterre, on s’est ainsi attaqué aux profs. Quand on enseigne par vocation, quand on est aimé de ses élèves, quand ces mêmes élèves obtiennent d'excellents résultats aux examens, mais quand on
vous serine en même temps que vous faites mal votre travail, vous finissez par vous comporter
comme un chien qui, la queue entre les pattes, se demande d’où va venir le prochain coup. Résultat : le collège-lycée où j’enseignais, est
passé du 17ième rang sur un tableau des 200 meilleurs établissements
anglais au 85ième puis a complètement disparu de la liste des 200.
Pendant ce temps, les proviseurs et inspecteurs (politiquement très à gauche) insistaient pour imposer de
nouvelles méthodes d’enseignement, méthodes qui se sont révélées désastreuses.
Ils imposaient aussi des contraintes administratives, des tonnes de paperasse à
remplir, des cases à cocher pour savoir si vous aviez bien atteint votre
« cible » (c’était le mot à la mode), des rapports sans fin sur
chaque élève et, pour couronner le tout, des réunions de travail hebdomadaires
aux thèmes si obscurs que bien malin étaient ceux qui pouvaient dire de quoi on
avait parlé.
On me dit qu’il en est ainsi presque partout : à La Poste, dans les centrales
nucléaires, chez Peugeot-Citroën… On s’étonne après cela du nombre croissant de
suicides parmi les employés. Quand on a 35 ans, que l'on se sent pris au piège
dans une profession sans avenir, et que l’on y est traité comme un paresseux qui
ne connaît pas son métier, alors que l'on n'est ni paresseux ni incapable ; quand on envisage qu’il faudra encore passer
trente années à subir ce genre de traitement, la mort peut sembler désirable.
J’ai eu « de la chance » : à l'âge de 54 ans, j'ai fait qu’une
crise cardiaque, ce qui m’a valu un quadruple pontage et une retraite anticipée. Ce
que je n’avais pas voulu faire consciemment, mon corps avait essayé de le faire
pour moi.
Pendant ce temps, on augmente le nombre des cadres.
Anxieux de justifier leur position et leur salaire, ceux-ci passent leur temps
à concocter des méthodes toujours plus coercitives pour leurs
« inférieurs ».
On a oublié, une fois de plus, la devise du président
Truman : "The buck stops here" : « Personne d’autre que moi n’est responsable de ce qui
va mal ». La bonne entente, l’efficacité, la productivité, tout vient de la mentalité des cadres. On a oublié les conseils de
Dale Carnegie sur les façons de travailler ensemble au lieu de chercher
exclusivement à faire travailler les autres. Partout où les pratiques
recommandée par Dale Carnegie ont été appliquées, le personnel – de la
direction aux techniciennes de surface – a été heureux et superbement efficace,
écrasant la compétition et se moquant des syndicats.
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