Certaines personnes sont possédées par ce qu’on appelle
des « peurs irrationnelles ». L’une des plus répandues, paraît-il,
est la peur d’être enterré vivant. Explications ?
1. Une expérience précédente.
Je ne parle pas de l’expérience d’avoir été enterré vivant
mais, par exemple, de celle d’avoir été cambriolé. Quand on l’a été, il en
reste quelque chose qui vous colle à la peau pour le restant de votre vie.
Voilà pourquoi les cambrioleurs devraient être incarcérés à vie. Dur,
dur ? Pas vraiment. Les bonnes âmes disent que l’on ne devrait pas mettre
les gens en prison car c’est une école du crime. Ce n’est vrai QUE lorsque le
prisonnier est libéré. Autrement, il peut avoir acquis un BTS, une Licence ou
même un Doctorat dans l’art du crime, mais tant qu’il reste en prison il ne lui
est pas possible d’exercer ses talents. Si l’on infligeait une peine qui
équivaudrait en longueur à celle qui a été infligée à la victime, les malfrats
potentiels, réfléchiraient un peu plus avant d’agir ; et il y en aurait
moins car l’école du crime aurait disparu.
2. Une peur enfantine.
J’étais trop jeune pendant la dernière guerre pour
comprendre ce qui se passait mais je savais que les adultes avaient peur et
cette peur se transmettait à moi comme un fluide maléfique.
Ne
pourrait-on (sans généraliser) accepter, dans certaines limites, une influence
génétique ? Je n’ai connu mon père qu’à l’âge de 6 ans. Or ma mère m’a
souvent dit à quel point elle s’étonnait que je réagisse exactement comme lui à
certaines odeurs : pomme, céleri et eau de Javel en particulier. Ce ne
pouvait pas être de l’imitation. Autre exemple : je nage assez bien sur le
dos mais je coule comme un fer à repasser si je passe sur le ventre. Mon petit-fils,
qui ne m’a jamais vu nager et à qui je n’ai jamais mentionné cela, fait face
aux mêmes difficultés.
De quels
ancêtres sommes-nous vraiment les héritiers ? Quels gènes nous gouvernent
? En fait, nous ne « descendons » pas de nos ancêtres : nous
sommes nos ancêtres. Nous le sommes corps et âmes.
Ce qui nous donne l’illusion d’être nous-même, c’est que
nous sommes un mélange de milliers d’ancêtres.
REGARD
Voilà
cinq cent mille ans, mon chien qui me regarde
aboyait
au désert et ses crocs dénudés
protégeaient
l’os pourri qu’il venait d’enterrer.
Nous
arrivons du fond des âges
et
portons en nos yeux sauvages
tout
le sang des crimes enfouis.
Pas
un de nous dont les anciens
n’aient torturé, volé, trahi.
Pas
un de nous dont les anciens
ne
furent lynchés ou trahis.
Vas-y,
mon chien, ronge ton os.
Aime ce que je suis : n’essaie
pas de savoir.
Et
voilà qu’après avoir écrit cela je tombe sur Aïe, mes Aïeux !
d’Anne Ancelin Schützenberger. Il y a des coïncidences vraiment troublantes, ou
peut-être ce genre de réflexion est-il tout simplement « dans l’air »
comme on dit.
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