Le Nom de la
Rose d’Umberto Eco.
Un livre difficile. Il faut s’accrocher. J’imagine
facilement que si un auteur inconnu présentait un manuscrit de ce genre à des
éditeurs, il n’arriverait jamais à se faire publier tant il faut, de nos jours,
se glisser dans une catégorie bien définie : policier, roman sentimental,
espionnage, érotisme etc. Il faut aussi que votre roman ressemble à celui d’un
autre auteur qui, lui, se vend bien. Les éditeurs, qui disent tous rechercher
des « voix nouvelles » ont, en fait, horreur de la nouveauté et de
l’originalité profonde. Alors, ils se rabattent sur l’originalité
superficielle, celle qui consiste à torturer le style, à obscurcir la
compréhension de l’intrigue ou simplement à se gratter le nombril pendant 300
pages.
Si l’on s’accroche, Le Nom de la Rose vous entraîne dans
un monde à la fois révolu et fantastique, bien plus fantastique et bien plus
fascinant que les histoires de science-fiction ou de ces créatures imaginaires
volant de château à château dans quelque variation fantaisiste d’armure
médiévale, créatures douées, naturellement, de pouvoirs magiques.
Un monde révolu, certes, mais dont les caractéristiques
perdurent dans les âmes des extrémismes religieux ou politiques (même chose,
dans les deux cas : même intolérance, même cruauté, mêmes horreurs). Les
coupeurs de cheveux en quatre, les tyrans du politiquement correct, les hypocrites
et les pervers sont toujours parmi nous. Leurs méthodes et leurs cibles ont
changé de nom mais pas de nature. Le monde révolu où nous plonge Umberto Eco est à la fois éternel et
universel. C’est à cette universalité que l’on reconnaît les chefs-d’œuvre.
On pardonne alors aux longueurs. Il y en a. Il faut le
dire. Umberto insiste lourdement pour nous prouver qu’il connaît parfaitement
toutes les tendances politiques et religieuses de l’époque, y compris les plus
obscures et les plus éphémères. Mais on lui pardonne… vraiment.
Coincidence que ce choix de livre d'un écrivain qui devait quitter ce monde ou nous quitter peu de jours pus tard? QUESTION à laquelle je ne saurais répondre.
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