Athalie :
« Dès qu’on leur est suspect, on n’est plus innocent ». Voilà qui
aurait bien décrit, trois cents ans plus tard, la vie sous les régimes
communistes et islamistes.
Je
soupçonne Pascal d’être athée. En effet, il dit : « J’ai choisi
le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ». Comment peut-on choisir
de croire ? On croit ou on ne croit pas. Ses « pleurs, pleurs, pleurs
de joie » deviennent, en ce cas « pleurs, pleurs, pleurs de
soulagement ». Il s’est dit : j’en ai marre de réfléchir et de
n’arriver à rien. Je décide donc de laisser certains autres penser à ma place.
Je
soupçonne également Racine d’avoir aimé Athalie plus que les Juifs et leur
fanatisme (tout au moins dans la pièce en question). Quand on lit la
description de l’éducation d’Eliacin, on se croirait dans une école coranique.
Athalie a laissé vivre et agir les grands prêtres alors qu’ils avaient monté le
peuple contre elle. Votre temple, leur dit-elle, est toujours debout. Pourquoi
continuez-vous à me haïr ? C’est une bonne illustration du fait que la
politique d’apaisement n’a aucune prise sur les fanatiques. Ils n’y voient que
faiblesse et capitulation.
Pascal
et Racine étaient englués dans les concepts religieux de leur époque. On
perçoit cependant, comme une ombre contre un drap, les mouvements hésitants d’une
conscience morale qui dépasse cette époque.
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