Il y a quelques années, j’ai rencontré
un homme dont la grande passion était de polir des pierres. Il allait en
chercher dans les ruisseaux des parcs régionaux ou nationaux, et il les mettait
dans une machine à polir, ce qui montre bien qu’il n’était pas le seul à
s’adonner à ce passe-temps, sans quoi le fabricant de machines à polir aurait
fait faillite depuis longtemps. Il fallait plusieurs jours pour
arriver à un beau résultat. On ajoutait des poudres, on changeait les tampons.
Le produit fini était joli, certes, mais que faire ensuite de tous ces cailloux
doux et luisant ? « Ne ris pas, surtout ne ris pas » me
répétais-je pendant que l’heureux propriétaire dissertait avec lyrisme sur la
géologie et la structure de ses petits chefs-d’œuvre.
Il y a longtemps que je ne ris
plus : cet homme possédait la sagesse consistant à accepter qu’il n’était,
justement, qu’un homme. Son passe-temps, son divertissement pascalien, n’était
pas plus méprisable que celui d’un autre.
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