Première
méditation : Avec l’évocation des dinosaures, cette plongée dans la nuit
des millénaires déclenche en mon imagination des voyages audacieux vers le
passé : avant les dinosaures, puis avant toute forme animale, puis avant
toute forme végétale, je vois la terre couverte de bouillonnements avec leur
toux, leurs rôts et leurs flatulences comme elle le fait toujours en Islande ou
dans le parc du Yellowstone. Encore un recul de quelques millions d’années, et
elle n’est plus qu’un disque tournant autour du soleil. Je m’éloigne : le
soleil devient une étoile comme les autres. J’atteins le centre de la galaxie
et ses 200 milliards d’étoiles dont chacune est séparée de la plus proche par
au moins quatre années-lumière. De là, on ne voit plus du tout le soleil à
l’œil nu ; je m’échappe de la galaxie jusqu’à ce qu’elle-même ne soit plus
qu’un point lumineux qui, lui aussi disparaît. Je me retrouve au centre de
l’univers où je suis plongé dans une solitude aussi effrayante qu’exaltante mais
où je découvre des univers parallèles, à la réalité insaisissable ; des
univers (y compris celui que nous percevons) pour lesquels le temps n’existe
pas. C’est l’infini. C’est l’identification avec l’infini.
Deuxième
méditation : Je ne suis fait, au départ, que de ce que ma mère a mangé
pour fabriquer un bébé. Disons que, entre autre, elle ait mangé un abricot (ou
une pomme de terre, ou un champignon). L’abricot était déjà en puissance dans l’abricotier,
l’abricotier dans son noyau mais aussi dans l’eau et les minéraux dont il s’est
nourri. L’identification avec l’univers peut aussi prendre le chemin de la
réduction et de l’infiniment petit. On peut dire que la terre était en
puissance dans le disque de poussières qui tournait autour du soleil, lui-même
issu de phénomènes astronomiques qui l’avaient déjà en eux. Le minéral possède
le végétal en puissance, le végétal possède en puissance l’animal (y compris
les dinosaures) et ainsi de suite. Lorsque François d’Assise disait « Ma
sœur la Lune »
ou « mon frère le loup » il s’identifiait avec l’univers. Ces audaces
ont d’ailleurs attiré sur lui les foudres du Vatican et la menace du bûcher.
Notre belle religion d’amour et de charité ne rigolait pas, à l’époque. De nos
jours, c’est l’Islam.
Tout
est dans tout « et vice-versa » disait Alphonse Allais. Au-delà de
l’humour, ce cher Alphonse avait parfaitement raison.
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